Foxcatcher raconte l'histoire vraie de la relation entre deux frères champions de lutte libre et le richissime héritier de la famille du Pont.
Mais Foxcatcher parle surtout des dommages collatéraux de la solitude d'un homme qui a vécu toute sa vie dans une bulle dorée, bien loin de la réalité des sentiments humains. Ses caprices XXL et sa névrose (ridiculement visible sur son visage) l'amèneront à traiter les hommes comme on traite des chevaux de course.


Il y a, à mon sens, un problème majeur dans ce film : il faut attendre 2 heures pour que survienne l'action qui a rendue cette histoire assez tristement célèbre pour qu'on l'adapte au cinéma.
Sauf qu'on pressent dès la première demi-heure où la névrose ambiante va nous mener et que pendant l'heure et demie qui suit il ne se passe à peu près rien.


Je suppose qu'on me dira que cette longue préparation est avant tout l'occasion de nous dépeindre la relation entre le lutteur Mark Schultz et John du Pont, laquelle est un exemple probant des dégats humains que peut causer ce qu'on appelle un 'pervers narcissique'.
Alors moi je veux bien mais que ce soit du fait d'une réalisation trop minimaliste, d'un rythme volontairement lent à crever ou du jeu assez peu saisissant de Steve Carell (sans doute la prothèse nasale ne l'a-t-elle pas aidé..) et Chaning Tatum, le fait est que je n'ai pas accroché du tout et j'ai parfois eu l'impression d'être devant un mauvais film français.
L'atmosphère est dépressive sans être dérangeante, les dialogues sont apathiques et la musique a la mauvaise idée de ne pas du tout jouer la carte du contraste, collant tout du long à cette lente dégénérescence programmée de la misère sentimentale vers la mort.


Dans ce marasme, j'ai retiré un réel plaisir à voir évoluer Mark Ruffalo, d'une justesse physique et émotionnelle réjouissante, qui survole les débats alors même qu'il joue le moins névrosé des trois personnages et donc le moins propre à crever l'écran.


Je reconnais aussi que les divers propos portés par le film sont vraiment intéressants, et que le final est à peu près parvenu à me réconcilier avec ce que j'avais subi pendant les 2 heures précédentes.
Mais dans l'ensemble, rien à faire, tout ça manque cruellement d'inventivité et je maintiens que ce film ne mérite pas qu'on passe autant de temps devant. Dommage...

Aphasic
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le 13 oct. 2015

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Aphasic

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