Alors oui France n'est pas un si mauvais film. Mais dire qu'il est bon serait un mensonge éhonté. Ce film est une forme de pétard mouillé, gonflé aux fausses promesses, a un casting enjoliveur et a un scénario au parfum mirifique.
On se retrouve transporté dans le monde du média - spectacle avec le personnage de "France", héroïne éponyme du titre du film, journaliste émérite reconnue par ses pairs et adulée par ses fans. On la suivra durant un temps court, vraisemblablement une année, sensé être pour elle une remise en question totale.
On retrouve au début du film une femme forte et déterminée, prête à en découdre (mais aussi a se mettre en avant) dans une séance de question/réponse avec Emmanuel Macron en chair et en fond vert. Léa Seydoux est briefé par Blanche Gardin , son agent pour "enculer le président" selon ses propres termes. Le moyen est simple: poser une question sensé être polémique et mettre en mauvaise position le chef de l'État. Cette scène d'ouverture débute bien, nous voyons le parterre de journalistes se lever pour rendre hommage au président arrivant dans la pièce excepté France, trop occupée à discuter. Cette mise en scène illustre bien le sentiment de sérénité (et d'habitude) qui la possède de fréquenter ce genre de lieu. France prend la parole en première, d'un ton assuré, pose une question très lisse pour se rasseoir fière d'elle. On sent une vice émotion a avoir posé une question soit disante dérangeante, qui en réalité ne l'ai pas réellement , sous les signes provocateurs de son assistante. Un sourire d'une émotion difficilement identifiable se dessine sur son visage. S'en suit une série de montage d'Emmanuel Macron, avec un décalage son/ image, ni fait ni a faire qui nous fait déjà sortir du film.


Selon moi cette première scène est représentative des défauts (mais aussi qualités) de ce film.


Tout d'abord le jeu d'acteur. Je vais être plus nuancé que les quelques critiques que j'ai glané ici et là. Selon moi les acteurs ne jouent pas si mal, je les trouve seulement perdus. Léa Seydoux alterne entre une émotion biaisée ou un regard vide. On ne sait jamais vraiment si elle joue une tristesse feinte ou sincère, une compassion sincère ou calculée. Je pense que l'actrice ne le savait parfois même pas elle même. Il faut dire que le personnage est difficile à cerner, son métier ressemble à une pièce de théâtre constante, le jeu doit être subtile et nuancé. Pourtant Léa Seydoux a la carrure, son jeu dans "La vie d'Adèle" en témoigne. Peut être que la technique de communication utilisée par le réalisateur , composé d'oreillettes discrètes en communication durant les scènes, n'a pas été accepté par ses comédiens. Benjamin Biolay est également à côté de la plaque. Complètement oubliable, absent, loin du sinistre personnage qui lui colle habituellement à la peau, il ne dégage rien, ni émotion, ni compassion, rien. Seul Blanche Gardin se distingue légèrement, le personnage de l'assistante un peu vulgaire mais imprégnée dans ce monde lui convient.
Cependant Léa Seydoux arrive parfois a nous toucher, parfois a nous faire sortie un petit sourire. Mais c'est malheureusement complètement occulté par les scènes où elle est hors jeu. Son acting est trop souvent risible a la place d'être dramatique, vide et creux. ( oui c'est à toi que je pense "mais je t'aimais tellement et tu m'as trahis" lorsqu'on apprend la trahison de l'homme du spa).


Par la suite: le scénario. Cette partie va être la plus difficile à brosser puisque beaucoup de chose doivent être dites. La vie soit disant idéale de France va petit à petit se dégrader, a l'image d'une longue chute de l'échelle de la célébrité. Professionnellement on a du mal a apercevoir une remise en question de la personnage avec son travail. Elle passe d'une journaliste manipulatrice, directive et calculatrice au début du film a.... Une journaliste manipulatrice, directive et calculatrice a la fin! Alors certes il n'y a pas d'évolution du personnage, ce qui est en soit peut être pourquoi pas une bonne idée mais l'essentiel du film veut nous tourner vers une idée de rédemption/ évolution. Quid de la comédie du jeune renversée qu'elle prend de pitié? Quid de l'accident de voiture supprimant d'un coup sa seule famille? Quid de France faisant du bénévolat? Quid de la scène très étrange, de supposée émotion, lors du recueillement sur la fille disparue au moment du dernier reportage? Rien, le personnage semble a chaque fois évoluer, prendre en empathie avant de régresser subitement sans explication. Le spectateur est sans cesse égaré, perdu dans une marée d'imprécisions et de jeu d'acteur parfois trop juste.
Ensuite le film veut explorer une partie de sa vie personnelle. Totalement cahotique du début à la fin, la derniere scène du film montrerait une amélioration de sa situation par l'acceptation dans sa vie d'un homme rencontré en cure. Je trouve que le film débuté assez bien au début en montrant une relation Lea Seydoux / Benjamin Biolay très distante, froide, glaçante de non dit, de reproche enterrés. Leur demeure est totalement disproportionnée, démesurée, a en perdre les mesures du reel. Leur relation se dégrade doucement jusqu'à son apogée ou Benjamin Biolay s'enerve pour une somme d'argent, dérisoire pour eux, alors que France en plein reportage dans un pays dévasté par la guerre à échappé à la mort quelques minutes plus tôt. Un homme apparaît dans sa vie, supposément éloigné de sa célébrité, il la séduit, ils vivent une petite idylle, avant qu'elle ne se rende compte qu'il dissimulait une profession journalistique , qu'elle a été piégé. Son mariage se détruit et avec le vie de son mari et son enfant, disparus dans un accident de voiture. Cette homme tentera de réapparaître dans sa vie jusqu'à la fin, dans une scène d'un malaise absolu, ou après mille tentatives, il arrive à l'apprivoiser légèrement. Incompréhension et errance m'ont marqué durant cette exploration intérieure. Je n'ai pas compris les agissements de France envers cet homme, dissimulé derrière de multiples faux semblants. Aucune leçon n'est tiré du desastre amoureux résultant du mariage entre Benjamin Biolay et Léa Seydoux. Aucune explication est donné du soudain revirement pour cette homme qui a détruit sa vie
Pourtant le scénario en lui même est intéressant. On voit de multiple revirements, la scène avec les migrants notamment, on se prend parfois de compassion pour France. On se questionne, jusqu'où le sort d'acharnera pour descendre encore cette femme? Mais malheureusement la sauce ne prend pas, coupée au vinaigre par des éléments sortis du chapeau , des épreuves parcourues sans leçons retenues et des émotions complètement occultés.


Enfin il faut parler brièvement de la réalisation. Beaucoup de scène manquent malheureusement de dynamisme. Dès le début du film j'ai trouvé une forme de paresse dans le montage, comme une forme d'étirement artificiel des échanges. Les scènes de reportages de guerre n'améliore en rien ce rythme malheureusement mou du genou, ni contemplatif, ni posé, simplement inutilement lent. Les scènes voulant être dramatique sont rallongées notamment par des regards face caméra infiniment long et n'apportant, selon moi, rien de probant au film. Une autre scène devenue hors de propos, est la scène de l'accident de voiture. Choisie pour être présentée au ralentie, on observe pendant 3 minutes un accident, ou a l'image de la vie de France, la voiture ne semble pas terminer de se détériorer. Le résultat en devient long et lourd, a la limite du malaise. Surtout qu'elle apparaît sans préavis, sans rien apporter au film, ni au scénario malheureusement. Le film est malheureusement ponctué de scène où l'on on ressort frustré, les yeux plissés et le bâillement au bord des lèvres.
Pourtant encore une fois forcé de constater que certains plans sont audacieux. Je pense à certains plan vu du dessus, assez culottés et parfois sortis de nul part.


France est un visionnage assez ennuyant et lourd, mais au scénario de base alléchant, au casting prometteur. Les promesses ne sont pas tenues et c'est une perte, vu le thème original abordé.

Brique-cubique
3
Écrit par

Créée

le 5 sept. 2021

Critique lue 625 fois

3 j'aime

Brique-cubique

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