D'Ira Sachs, j'avais vu « Married Life » et « Brooklyn Village », plutôt pas mal. Pourtant, j'avais presque un mauvais pressentiment concernant « Frankie », malgré un casting séduisant. Est-ce justement la présence d'Isabelle Huppert qui m'a fait craindre l'ennui ? Toujours est-il qu'en définitive, celui-ci a été bel et bien présent, par intermittences, certes, mais présent. Cela ne passait pourtant pas trop mal, au début : d'ailleurs, je reconnais que globalement, ce qu'on à se dire les différents personnages est plutôt intéressant, ne manquant pas de pertinence sur la vie, les relations humaines ou l'art en général, certaines scènes ne m'ayant d'ailleurs pas laissé insensible, notamment celle entre Huppert et Greg Kinnear, très juste, où de façon plus générale la présence toujours délicieuse de Marisa Tomei.
Mais bon, presque une heure quarante comme ça... On reste quand même dans une logique très intello, assez poseuse, avec pas mal d'entre-soi et un scénario statique, préférant enchaîner les échanges, les contacts entre protagonistes plutôt que d'offrir une vraie structure narrative, un récit construit avec rigueur de bout en bout. Alors je ne dis pas : dans sa logique de cinéma « élitiste », filmant avec soin ces décors et ayant un évident savoir-faire dans l'écriture, « Frankie » se tient. Maintenant, où est le plaisir, où est l'intérêt pour l'immense majorité des spectateurs ? Que retiendront-ils de ce film ? À l'image de l'interminable plan final (qui, pour le coup, et aussi bien composé soit-il, est vraiment une caricature ambulante), je suis sorti de là assez groggy, assistant précisément à ce que je craignais : beau, sans doute, mais surtout barbant.