Frantz est un homme allemand mort au combat dont la simple évocation hante les pensées de deux familles. L'une allemande, l'autre française. Dans le film de Ozon, contrairement au film de l'Autrichien Ernst Lubitsch (Broken Lullaby) dont il s'inspire, ou de L'homme que j'ai tué, la pièce de Maurice Rostand qui a inspiré Lubitsch, la caméra se place du côté de la jeune femme allemande endeuillée.
Après la mort de son fiancé lors de la première guerre mondiale, Anna se rend sur la tombe de Frantz. Seulement, depuis quelques jours, elle est fleurie par un français. La rencontre entre l'ami de Frantz et la fiancée de Frantz créée de multiples rebondissements. Toute l'histoire se construit à travers des mensonges qui par leur révélation en créent d'autres. L'entre deux guerre est un bouillon de haine, de fêtes et de non-dits très bien retranscrits par Ozon. Une période pendant laquelle le pacifisme n'a pas tant sa place.
De même pour l'utilisation du noir et blanc, à la fois justifiée par les images que l'on connaît de l'époque mais aussi pour souligner la fadeur et la tristesse de ces moments de vie. Néanmoins, sans rien révéler, il est possible de dire qu'Ozon sait toujours aussi bien mettre en valeur les couleurs et ses acteurs. En effet Paula Beer illumine le film par son jeu et sa candeur. Pierre Niney amène à la fois les moments les plus drôles et les plus sombres du film.
On ne peut être indifférent à ce film qui amène le spectateur vers une grande palette d'émotions.
Une très belle histoire d'amour, sans laquelle l'imagination et le besoin de vivre éprouvés dans les années 1920 ne seraient rien. Néanmoins l'histoire reste quelque peu convenue même si cela ne tombe jamais dans un surplus de mélodrame larmoyant. Peut être parce que, Ozon, ne se cantonne pas à un genre en particulier, mais mélange les codes de la fresque historique, du drame bourgeois, du film "d'époque" et du théatre.
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