Freaks - La Monstrueuse Parade par Cinemaniaque
Le scénario est très maigre et les acteurs assez mauvais : voilà, comme ça, c'est dit on n'en parle plus. Abordons alors Freaks et son véritable intérêt : une ode à la différence et un portrait sociologique de son époque. Fini la sphère fantastique, ici ce que l'on voit est réel, les "freaks" sont des êtres humains qui respirent, mangent, ont des émotions. Si on peut reprocher un manichéisme flagrant à Browning, on ne pourra pas en revanche le blâmer de filmer avec une tendresse quasi paternelle ces êtres difformes : à travers la vie conjugale de soeurs siamoises, d'un homme-tronc s'allumant seul une cigarette, d'une femme sans bras boire un verre de vin, d'une série de petits moments de vie (inutiles à l'histoire mais importants concernant le but du film), Browning élève ces "freaks" au rang de la "normalité" en ce qu'elle a de gestes quotidiens et normaux pour certaines personnes. Les apparences sont trompeuses, et le réalisateur insistera longuement sur cette idée (avec les freaks mais aussi chez les humains : la belle est en réalité une garce, Hercule un lâche et même le clown nous fait croire qu'il prend un bain... alors qu'il s'agit d'un chariot pour un spectacle). La morale est ambigue concernant la vengeance des dits freaks... ou pas. Tout dépend de la fin : la première, où le film s'arrête sur le corps de Cléopatre mutilée, ne laisse aucun doute, mais la seconde, où la fiancée de Hans le retrouve et lui dit "tu n'aurais pas pu les empêcher" l'innocente et montre alors que, tout comme chez les humains, il y a des freaks bons et d'autres moins. Dans les deux cas, la vengeance n'est jamais aussi qu'une réponse profondément "humaine" à une insulte sans nom. Un film dérangeant, certes, mais c'est de là qui tire sa force.