Écrire sur "French Connection", 45 ans après sa sortie n'est pas un exercice facile. Depuis, des polars, il y en a eu des centaines, voire des milliers et parler de "French Connection", c'est parler d'un réalisateur et d'une époque.
William FRIEDKIN, né en 1935, c'est a dire 36 ans au moment du tournage, réalisera durant les 15 années qui suivront : "L'exorciste", "Le convoi de la peur", "Cruising", "Police Fédérale Los Angeles", on a connu pire.
Les années 70, c'est : "Le parrain 1 et 2", "Apocalypse Now", "Voyage au bout de l'enfer", "Alien", "Taxi driver", "Barry Lyndon", "Vol au dessus d'un nid de coucou", "Les dents de la mer", "Chinatown", "L'exorciste" (tiens, tiens).....
"French Connection" est donc le reflet de cette décennie et du réalisateur : sec, pas de fioriture, clair, direct. Les deux flics, on connais leurs noms, ou plutôt leurs surnoms, Popeye et Cloudy, les autres, on le découvre le plus souvent au détour d'une conversation, rien n'est vraiment personnalisé, aucun protagoniste n'a de passé, à peine un présent (Popeye et Cloudy sont-ils mariés ? ont-ils des enfants ?). Seul le moment présent compte ainsi que l'interaction entres les personnages, les réactions de l'un (souvent un flic) par rapport a l'autre (la filature du suspect), même le temps écoulé est flou, on sait juste qu'ils finissent par épuiser leurs 60 jours d’écoutes téléphoniques autorisées. C'est efficace, sans gras, et malgré l'impression de lenteur, immersif et accrocheur.
La fin abrupte, le "méchant" qui réussit a s’échapper, les flics qui commettent des bavures, montrent qu'il n'y a pas (encore) de futur, pas de "happy end" non plus. On viens d'assister à une tranche de vie un peu particulière, mais comme il y a avait un "avant", il y aura un "après", sans plus d'explication, c'est a la fois typique de certains films de cette époque et surtout quasiment impossible a reproduire actuellement, les spectateurs voulant des réponses à tout.