Le sadisme des parents, dans un actionner, ne connaît aucune limite. Alors qu'ils savent très bien qu'avoir deux enfants – mâles de surcroît – les expose fatalement à une sombre et sordide histoire de vengeance de l'un par l'autre, ils continuent malgré tout à vouloir doter leur fils unique d'un frère. Cette dure loi de la filiation, François en fait les frais, dans les rues de Los Angeles. Non, cela n'a rien d'antinomique, de s'appeler François et de trouver un destin peu enviable dans les rues de Los Angeles : François est un « belge mais je vis en Amérique », une société secrète d'élite directement issue du pays de la frite. Bref donc, notre bon François se voit bien pris au dépourvu, alors qu'il mène un deal de drogues face à cinq loubards à la mine patibulaire qui décident, plutôt que de violenter notre ami épais comme un fil de fer, de l'asperger d'essence pour l'enflammer. C'est sûr, c'est bien plus discret. Notre dealer raté fini aux urgences, où il murmure le nom d'un seul homme, un homme qui pourra le sortir de ce mauvais pas et peut-être gratter ses croûtes douloureuses. Cet homme, c'est Léon.

Alors, pour préparer le futur spectateur du film, il faut savoir qu'en réalité, je me trompe : « Léon » n'est pas le nom du personnage, mais bien « Lyon ». Comme la ville. Sauf que malheureusement, personne ne connaît la ville, aux États-Unis et on a tôt fait de comprendre « lion ». Comme Jean-Claude/Lyon n'est pas spécialement un type causant, il ne dément personne – le mec arrangeant – et résultat, se fait appeler « Cœur de Lion, le Roi de la Jungle » juste tout le temps. Véridique. Et particulièrement lourdingue. Mais visiblement, le titre original était bien Lionheart, donc en fait, ils ne font que faire un espèce de forcing pour qu'on se souvienne de ce qu'on est venu voir. Cela dit, le titre est plus en adéquation avec l'histoire que notre traduction, « Full Contact », qui semble ne vouloir rien dire du tout.

Pour en revenir au film, Lyon Gautier, lorsque le destin le trouve et qu'il apprend que son frère ne va pas bien, mais alors pas bien du tout, est un légionnaire bien comme il faut, qui s'échappe donc pour gagner les Amériques. S'amorce alors une étrange odyssée, avec un sidekick énervant, qui arrive dans le top five des sidekicks énervants. Alors là, attention, les enfants, Joshua, c'est le sidekick lourd. Celui qui s'invite dans l'intrigue (à partir du moment où le héros prouve qu'il peut gagner de l'argent avec ses poings, il va être l'objet d'un harcèlement moral et physique obstiné de la part de Joshua). Celui qui n'arrête jamais de parler. Jamais. JAMAIS. Il y a même une scène où il commente des actions QUI SE PASSENT HORS-CHAMPS ! MAIS BON SANG, TA GUEULE ! Cela dit, il faut bien que quelqu'un parle, parce que j'ai fait l'impasse jusque là du jeu abyssal de Jean-Claude, mais il faut bien avouer que ce dernier ne parle pas beaucoup et, au mieux, semble traîner son incroyable expression de mec qui se trouve là par hasard.

D'ailleurs, j'ai fait aussi l'impasse sur les combats, mais autant dire qu'ils n'ont guère d'intérêt, puisque chorégraphier par le même gars que derrière Kickboxer, à savoir, un pruneau d'agen : ça va dans un sens, puis dans l'autre, une tradition familiale. Résultat, les personnages se prennent des coups, attendent, puis les renvoient, jusqu'à ce qu'un des deux partis cesse de bouger. Passionnant. En fait, c'est là que Full Contact m'a surpris tant, finalement, les combats n'y tiennent qu'une place secondaire, face à la situation initiale, qui se déploie malgré la mauvaise volonté de Jean-Claude à la jouer convenablement et à son sidekick bavard : on suit davantage les errances de ce déserteur venu sauver son frère et ayant bravement échoué à la tâche. Du coup, on serait en droit d'attendre un bon récit de vengeance, mais même pas : Jean-Claude n'apprend pas le spirit du combat pour aller faire la peau aux dealers. Il refuse même de se faire la blonde sulfureuse qui se fringue en tenue sexy (pour l'époque) et glisse ses jambes sous son nez. Non, Jean-Claude, qui se cache derrière l'histoire du film, il veut d'abord traîner dans les rues de Los Angeles, torcher quelques combats devant des publics de plus en plus bourgeois – histoire, sans doute, de faire passer un message, avec l'élégance de ne pas enfoncer le clou trop fort – et torpiller un peu ce qui s'annonçait comme un film de combats lambda et pour ça, j'avoue que le film s'est entouré d'un certain charme.

Au final, si le jeu de Jean-Claude n'est pas très brillant, si le sidekick est éreintant, les légionnaires un peu deus ex machina et le final très fleur bleue, le tout se laisse suivre et on en vient à se dire que finalement, la nostalgie ne fait pas tout, dans un métrage : parfois, c'est la naïveté de l'histoire et de la façon dont elle est menée qui soulage aussi un genre aussi prévisible que le film de tatanes.
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le 27 août 2012

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