Après Les Sentiers de la Gloire, traitant de la Première Guerre Mondiale, Stanley Kubrick renouait avec le film de guerre en s'attaquant au Vietnam...


Full Metal Jacket a la particularité de se développer en deux parties bien distinctes : la première nous raconte la formation de jeunes Marines, et la seconde leur action sur le terrain via le reporter de guerre surnommé Guignol (Matthew Modine). Cette première partie d'environ 3/4 d'heure, malgré son invraisemblance majeure concernant l'improbable incorporation du surnommé Baleine (Vincent d'Onofrio), sera celle qui m'aura le plus marqué... Et il semble que je ne sois pas le seul. En même temps, comment oublier le sergent instructeur Hartman, interprété par Lee Ermey ? Un personnage et son chapeau désormais cultes. Il faut dire que son sadisme aboyeur et sa vulgarité, traitant H24 ses élèves de tas de merde ou de sacs à foutre, et son obstination à les déshumaniser par l'humiliation, a de quoi choquer ; mais le sergent et ses monologues n'en demeurent pas moins jubilatoires. On passera d'ailleurs plusieurs fois du rire (les chansons notamment) à la stupeur, au cours de séquences particulièrement poignantes. Pauvre Baleine... La scène - peut-être un peu exagérée - concluant cette première partie, nous laissant sur le cul.


Sans transition, nous nous retrouvons sur le front des Marines diplômés et incorporés, censés ne faire plus qu'un avec leur fusil, aux côtés de Guignol, dont on a bien compris que, malgré ses airs de premier de la classe, la magnanimité et l'empathie n'étaient pas les premières qualités. Ses motivations pour la guerre, du genre "Je voulais être le premier de mon immeuble à tuer en bonne et due forme", nous dépeindront un personnage complexe et loin de tout manichéisme, à l'image de sa dernière action de "bravoure". C'est pas non plus le canardeur de l'hélico, le gars... D'ailleurs, le "Born to Kill" sur son casque, et le "Peace and Love" à sa boutonnière, le confirment. Et à un supérieur, persuadé par ailleurs d'aider les vietnamiens contre les vietcongs, de lui faire remarquer.


Pour ma part, ce début de seconde partie casse un peu le rythme du film, et les quelques alpagages de prostiputes locales, les histoires de branlettes glauques et de-celui-qu'a-la-plus-longue, n'y changeront rien. Les interviews de soldats restent cependant assez intéressantes. Quant au final, avec ses cadeaux "empoisonnés" et l'héroïsme irréfléchi de certains soldats n'obéissant plus à leur supérieur, mais surtout avec ce jeu de la chatte et des souris planquées derrière leur trou (ce qui aurait dû faire ravaler leur machisme à certains), il redonnera du souffle à ce Full Metal Jacket certes imparfait, mais mémorable.


Joyeux anniversaire Jésus !

RimbaudWarrior
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le 17 mai 2016

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