Funny Games par Alligator
Ce diable d'Haneke sait admirablement manier sa caméra, prend des initiatives courageuses autant qu'ingénieuses pour attraper le regard du spectateur.
****Spoiler début:
Mais il ne se sert pas uniquement de la forme pour captiver, son propos résolumment roublard, provocateur ancre le spectateur dans un réalisme qui déraille pour mieux le faire s'interroger sur l'image et l'usage que l'on s'en fait, sa lecture, son adéquation à la réalité, le flou pervers ou malicieux que l'on entretient à tort ou à raison entre la narration, la manipulation de la réalité, celle de nos émotions et le plaisir étrange qui en découle.
Funny games est un subtil fil tendu entre plusieurs lectures, plusieurs réalités. Mais Haneke ne laisse pas autant le spectateur dans l'expectative que ça. Le chemin est très vite tout tracé pour comprendre que l'on est témoin d'un phantasme morbide, né de la désillusion, du désenchantement et de l'emmerdement que la société de consommation produit sur deux jeunes gens. Un délire, quelque chose de compulsif, pûrement animal en somme, qui jaillit, ludique et morbide à la fois. Une réalité tronquée. Haneke facilite beaucoup cette lecture. Trop vite, les coups d'oeil aux spectateurs renseignent de manière évidente sur les intentions du cinéaste et tempèrent un tant soit peu son édifiant propos.
*****spoiler fin
Je note les prestations excellentes des comédiens. La mise en scène d'Haneke est en tout point superbement maîtrisée.
Formellement, un film bien construit et solide. Mais la démonstration laisse un goût de facilité : quelque part entre la portée pas vraiment originale et une évidence démesurée peut-être?