C'est l'histoire d'Anna et Georges, un couple de bourgeois férus de musique classique, de golf et de bateau de plaisance, qui viennent passer avec leur chère tête blonde une semaine ou deux de vacances dans leur belle et grande maison de campagne au bord de l'eau.

C'est l'histoire de Paul et Peter, une doublette de jeunes garçons à peine sortis de l'adolescence en short blanc trop court, qui viennent toquer à la porte d'Anna et Georges pour obtenir quatre œufs de la part des voisins.

C'est l'histoire d'Anna qui n'arrive pas à se débarrasser des encombrants Paul et Peter qui ont déjà cassé deux séries de quatre œufs en les laissant tomber maladroitement après avoir noyé par inadvertance son téléphone portable et essayé dans le jardin les clubs de golf des parents.

C'est l'histoire de Georges qui gifle l'un des insolents garçons qui se croit permis d'insister pour qu'on lui donne de nouveaux œufs une fois encore.

C'est l'histoire du chien d'Anna et Georges, tué net d'un coup précis et efficace de club de golf.

Et ça, ce n'est que le début de l'histoire...



Deux images filmiques célèbres se sont imposées à moi au premier visionnage : Le leader charismatique du groupe de jeunes ultra-violent qui écoute Beethoven et tue pour se distraire, Alex dans Orange mécanique (Stanley Kubrick, 1971)


La seconde évoque la gémellité et la folie, l'absurdité et les jacasseries incessantes d'un langage vidé de sens dans Alice au pays des merveilles, des studios Walt Disney, sorti en 1951, sur un scénario du romancier de science-fiction Aldous Huxley.


Mais on pense aussi à La dernière maison sur la gauche, de Wes Craven, sorti en 1972, et ses troublantes similitudes : les parents bon chic bon genre, la maison cossue dans un cadre naturel idyllique, le langage policé maitrisé par les intrus, le doute qui s'installe quant à la véritable nature des jeunes gens qui n'ont en définitive rien à faire là.

Le plan fixe de cinq minutes...

L'horreur de la macabre découverte dans la pénombre du salon...

Ce regard goguenard rivé sur le public qui nous prend à partie...

La discussion bucolique sur la différence floue entre réalité et fiction...

La dénonciation implacable, enfin, par la prise de conscience de ce qu'est vraiment la violence...

Voilà au moins cinq bonnes raisons de courir ventre à terre visionner ce film au risque de laisser entrer deux jeunes garçons trop polis dans votre salon décoré avec goût.


Attention à la chute, des balles de golf ont été oubliées sur le parquet de la belle villa.
HomoFestivus
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le 2 mai 2013

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HomoFestivus

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