Merci de bien vouloir excuser les spoils intempestifs, mais à l’heure où j’écris ces mots, je suis encore grandement chamboulé par ce que je viens de voir quelques minutes auparavant.
C’est totalement insoutenable ! Haneke réussi à rendre des acteurs spectateurs de leur propre film, de leur propre vie, de leur propre mort. Il réussi à nous rendre complice de la souffrance subie par cette famille. Le parallèle avec Orange Mécanique - mon film préféré - est tout trouvé : c’est l’apogée de l’ultra-violence, du mal au dessus du mal, de la cruauté gratuite, du sadisme. Et là où Haneke est fort, c’est de réussir à créer le film le plus violent que j’ai pu voir, sans jamais montrer aucune scène dérangeante ou violente physiquement, tout n’est que torture mentale et psychologique pour le spectateur.
Ce qui est très fort dans ce film, comme dans tous les bons films par ailleurs, c’est bien évidemment le jeu d’acteur. Les 4 acteurs principaux (5 si on inclut l’enfant) jouent leur partition à la perfection. Mention spéciale aux 2 détraqués, qui, dès le début, réussissent à nous mettre mal à l’aise, bien qu’on ne sache pas pourquoi. Ce qui est également le cas pour la mère de famille, qui plus le temps passe, plus elle se méfie de ce jeune garçon rondouillet et de prime abord inoffensif. La famille est réellement spectatrice de ce qui se passe chez elle, comme nous derrière notre ordinateur, elle assiste au Two Men Show de ses deux compagnons d’infortunes.
C’était mon premier Haneke, certainement pas le dernier, et j’pense avoir tout de suite été mis au parfum. Ce mec est un génie du mal comme l’ont pu être Kubrick ou Hitchcock. Je suis forcé d’avouer que j’ai eu beaucoup de mal à terminer ce film, notamment à partir de cette scène ULTRA LONGUE où l’on voit le corps de l’enfant allongé sur le sol. Il réussi à nous faire culpabiliser !
Soulignons également le génie du scénario. C’est une boucle perpétuelle, un cycle sans fin. On nous a conté l’histoire dramatique de cette famille comme on aurait pu nous conter celle de la famille précédente ou de la famille suivante. Le début aurait pu être la fin et inversement.
J’ai jamais eu autant envie qu’un film se termine, pour cette famille, pour enfin reprendre mon souffle. Mais ce genre de film est nécessaire à la société. C’est compréhensible, normal et même volontaire qu’il puisse choquer, il dénonce la banalisation de la violence dans la société actuelle, nous dit que tout peut arriver à tout le monde, à tout moment et venant de la part de n’importe qui. Ca fait froid dans le dos !
Je ne sais quoi dire de plus qui n’ait pas déjà été dit dans les autres critiques, de toute façon il n’y a rien à dire. Quiconque a eu l’occasion de voir ce film comprend ce que chacun pense à la fin, nous pensons tous la même chose, sans forcément pouvoir mettre de mots sur ce qu’on ressent. Funny Games fait parti de ces films qui peuvent vous faire changer votre vision du monde, votre façon de penser. Funny Games a, à coup sûr, fait une entrée tonitruante et inoubliable dans ce club très fermé des films qui m’auront marqué, qui m’auront chahuté, qui m’auront retourné la tête et le ventre. Funny Games fait, selon moi, parti des très très grands films. Il est indéniablement à voir, même si ça nous coûte de se prendre un uppercut en pleine gueule pendant 1h45.
A noter un gros gros point noir dans ce film, j’me verrais désormais dans l’obligation d’assassiner quiconque qui me demandera des oeufs.