Vu de 1932, ce film unique en son genre, irradie d 'un formidable espoir. Le président possédé par l' Ange porteur de Vérité est un mélange de Roosevelt pour le courage et l' armée des soldats de l' emploi, et de Wilson pour l'idéalisme d'un monde sans guerre.
Gregory La Cava fait preuve d'une lucidité implacable sur ce qui ronge la société américaine, sa classe politique accrochée à son pouvoir, sa corruption, et sur le monde dominé par un militarisme à tout crin( l' armement aura été l 'activité la plus lucrative du XXème siècle ).
Il est audacieux de créer un personnage christique, pour mieux contrer toute critique qui ferait de son président un populiste comme l' époque en regorgeait déjà. Les moyens qu'il imagine pour lui permettre d'arriver à ses fins sont pour le moins osés, de ceux d'un homme qui ne doute pas. Ce volontarisme détruit toute velléité d'histoire digne de ce nom, avec des personnages tout en nuance. J'ai été déçu par les seconds rôles ( choix des acteurs et comment ils sont traités ). Le film a été fait dans une brûlante urgence qui le fait très mal vieillir.
Vu d'ici, de 2016 et notre monde, notre société en crise, en doute, le film parait radical. Là bas le retour aux racines de la démocratie américaine, alors qu'ici certains ambitionnent à un retour à l 'islam des Origines. Il y a un certain fanatisme à la fois hypnotisant et effrayant chez ce personnage de président soudain possédé par sa mission, et ses apôtres qui donnent tout pour lui, pourquoi pas leur vie...
Un drôle de film qui laisse incrédule, troublé.
La vraie révolution n'est pas dans un homme providentiel qui nous délivrerait la Vérité. Elle est en chacun de nous. Jamais le propos de Gandhi n' a été plus juste: " sois le changement que tu veux voir dans le monde". Voilà ce dont nous avons besoin aujourd’hui. Et La Cava mérite d être redécouvert pour d'autres films. Celui-ci gardera éternellement la saveur de "curiosité".