Mélanie Laurent se fond dans le moule américain sans problèmes mais sans panache ni originalité.

Après le drame « Plonger » sorti il y a à peine un an, Mélanie Laurent est déjà de retour derrière la caméra. Elle tourne à un rythme stakhanoviste et devrait peut-être lever le pied car la réalisatrice déçoit une nouvelle fois avec ce « Galveston », son premier film américain adapté du premier roman de Nic Pizolatto, le scénariste de l’illustre série « True Detective ». Elle qui nous avait pourtant subjugués avec son superbe et magistral drame adolescent « Respire » ne convainc encore une fois pas vraiment. Mais, contrairement à « Plonger » qui était raté, le film n’est ici pas mauvais du tout, que ce soit visuellement, au niveau de la narration ou de l’interprétation. Au contraire. Mais il est juste terriblement banal et anecdotique. C’est le genre d’histoire qu’il nous semble avoir vu une bonne centaine de fois sur le grand écran.


Le postulat de base convoque à la fois le polar et le road-movie, deux genres que l’on voit souvent mariés ensemble, et le plus souvent dans l’immensité des paysages américains. De « Tueurs-nés » d’Oliver Stone à « Las Vegas Parano » de Terry Gilliam en passant par le moins connu mais tout aussi culte « Another Day in Paradise » de Larry Clark, on ne compte pas les exemples de ce sous-genre typiquement américain (ou presque). Difficile donc d’innover ou même de ne pas se retrouver écrasé par l’ombre tutélaire de ces illustres modèles. Ici, c’est également ce que l’on pourrait appeler un film de cavale où deux personnages qui n’étaient à priori pas fait pour se rencontrer fuient quelque chose. Motels miteux, paysages désolés, gangsters et prostituées… On connait la chanson et Mélanie Laurent aussi. En bonne élève, elle recrache parfaitement à l’écran tout ce patrimoine cinématographique dans son « Galveston », en oubliant d’y inclure véritablement sa propre patte. Et elle se retrouve face à un scénario bien trop linéaire et déjà vu pour surprendre ou étonner le spectateur.


Elle évite néanmoins les longueurs avec un film qui dure juste ce qu’il faut. Le long-métrage démarre vite, se conclut rapidement et évite les moments trop poseurs. Ceux qui le sont, sont néanmoins réussis comme ce beau coucher de soleil sur la plage de Galveston. Laurent sait filmer et elle développe une grammaire cinématographique de l’image qui lui est propre depuis son premier film, un style plutôt agréable à l’œil. Son plan-séquence dans l’usine du gangster ou la scène de la fusillade prouvent qu’elle ne se contente pas de mettre en scène des séquences mais qu’elle les chorégraphie pour y apporter une plus-value formelle intéressante. Mais en dépit des prestations réussies d’une Elle Fanning encore une fois parfaite (elle est impressionnnante dans la scène où elle craque) et de Ben Foster (qui fait coup double dans les duo avec une adolescente après « Leve no trace »), « Galveston » est trop quelconque dans son histoire et son déroulement pour être un temps soit peu mémorable. Parions que ce premier film étranger n’était qu’un échauffement pour la talentueuse actrice et réalisatrice française.


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JorikVesperhaven
5

Créée

le 11 oct. 2018

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2 j'aime

Rémy Fiers

Écrit par

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