Gangs of New York par Gérard Rocher La Fête de l'Art

La guerre d'indépendance terminée, les Etats-Unis plongent à nouveau dans les affres de la guerre de Sécession . En 1863 dans le quartier de Five Points, surnommé "Le Berceau des Gangs", arrivent sans cesse de nouveaux immigrants, notamment des catholiques irlandais, tous attirés par le "rêve américain". Ceux-ci , les "Dead Rabbits" dont le Père Vallon est le leader, sont malheureusement maltraités et refoulés dans le sang par les américains de souche ,"les Natifs", dirigés par le protestant Bill le Boucher, un être cruel et sans scrupules. Au cours d'un combat déséquilibré, le Père Vallon est tué par Bill. Seize ans après ce drame, la situation n'a guère changé. C'est alors qu'Amsterdam Vallon, fils du pasteur assassiné, débarque à son tour dans ce quartier. Une seule ambition hante son esprit : venger la mort de son père. Pour cela, assisté de Jenny, une jolie jeune femme libérée occupant la fonction de " pickpocket", il réussit à infiltrer l'organisation des "Natifs" et à gagner la confiance de Bill le Boucher jusqu'à devenir son adjoint. Toutefois la lutte s'avère délicate pour Amsterdam, d'autant que Bill soudoie Tweed, un politicien véreux tout dévoué à sa cause.

Voici un film vraiment passionnant et captivant. Il nous décrit avec beaucoup de passion et de réalisme le début des violences intercommunautaires et ethniques new-yorkaises, lesquelles furent un élément très important dans la fondation de la nation américaine. Cette histoire est bâtie d'une manière assez conventionnelle puisqu'elle est basée avant tout sur le thème de la vengeance. En effet, Vallon et Jenny qui ont une relation amoureuse vont progressivement tisser leur toile afin d'abattre le terrible Bill, être veule et sanguinaire. Cette stratégie vraiment diabolique va se dérouler sur un fond d'émeutes qui progressivement va prendre de ce fait une ampleur insoupçonnée. En effet le Président Lincoln a ordonné la conscription afin d'envoyer de gré ou de force une grande quantité de combattants sur le front de la guerre de Sécession. Par contre ceux qui arriveront à réunir une caution de deux cents dollars ne partiront pas vers ces combats qui s'annoncent sanglants. Il est certain que cette mesure injuste passe très mal du côté des pauvres gens, eux-mêmes manipulés par des politiciens roublards en quête de voix pour les élections à venir. L'armée, afin de défendre New-York et ses intérêts financiers mis à mal par les insurgés, bombarde copieusement la ville et parvient à mater les émeutes au prix de terribles massacres.C'est, entre autres, de cette peu glorieuse manière que naquit dans la douleur la démocratie américaine.

Le grand Martin Scorsese use là de tout son talent pour nous faire formidablement bien ressentir la haine qui poussait ces communautés à s'affronter sans cesse. La violence qui est poussée à son paroxysme aboutit à des scènes d'une très forte intensité, elles se montrent parfois insoutenables mais d'une grande beauté émotionnelle et esthétique. Leonardo DiCaprio dans le rôle du revanchard Amsterdam Vallon est intrigant et attachant. Il entame avec le terrible Bill le Boucher, fort bien interprété par l'impressionnant Daniel Day-Lewis, une véritable partie de "poker" afin de le trahir et le posséder. Cameron Diaz , émouvante et troublante à souhait, devenant un enjeu capital entre les deux adversaires, contribue à faire de ce film une fresque passionnante et grandiose sur une période clé de l'histoire des Etats-Unis. La mise en scène est somptueuse, les images le sont tout autant et les dialogues d'une grande efficacité. Martin Scorsese apporte de brillante manière ses lettres de noblesse à cette réalisation palpitante traitant d'une si délicate période. De plus notre émotion est à son comble lors d'un final absolument éblouissant.

Voici donc une oeuvre incontournable par son climat d'époque fort bien reconstitué par Martin Scorsese avec sa violence, sa misère humaine et ses inégalités. C'est pourtant dans ce contexte tragique que s'est forgée cette nation et le réalisateur nous le traduit admirablement bien. Ne manquez pas ce film!
Grard-Rocher
8
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le 20 mai 2013

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