De l'action, simplement de l'action
J'aurais dû m'en douter. En voyant la bande annonce, en épluchant la filmographie famélique du réalisateur, j'aurais dû comprendre que ce film ne satisfera pas les neurones les plus avertis d'un cerveau plus que cramé mais qui rêve encore d'une dernière étincelle avant de tirer sa révérence. Non, ce film ne sera pas cette étincelle. En même temps, quand on voit que le réalisateur s'est fait connaître avec Bienvenue à Zombieland, on devrait se douter que ce film n'ira pas chercher une histoire comme il devrait pourtant être largement possible d'en faire sur un tel sujet: Los Angeles, les années 40, l'après-guerre, Mickey Cohen, ce gangster qui a régné de longues années durant sur cette ville qui portera, durant cette période, très mal son nom. Dans ce film, on peut voir la réalité de la vie d'un habitant de la Cité des Anges à cette époque. La peur, la terreur même. L'envie de fuir. De ne plus être une poupée de chiffon entre les mains de Mickey Cohen. On peut voir la mort, la souffrance, la haine. Le problème, c'est que c'est à peu près tout. Il n'y a pas une vraie enquête sur Mickey Cohen. On se contentera, pour tout portrait de ce sombre personnage, de quelques faits censés nous horrifier dès les premières minutes pour qu'on n'ait pas envie d'en savoir plus. Mais, avec moi, ça ne marche pas. J'ai envie d'apprendre quelque chose sur Mickey Cohen. Là-dessus, j'ai été déçu par ce film.
Le problème, c'est que beaucoup d'éléments sont également à mettre au rayon des déceptions personnelles. Peu de choses m'ont séduit. Le scénario ? Comme je l'ai dit, il n'y en a pas. La réalisation ? Elle est à revoir du début. C'est ça de faire filmer des enfants pakistanais de six ans qui n'ont jamais vu un film de leur vie. La photographie ? A la limite, elle est correcte. Mais, à une telle époque, il y avait de quoi faire bien mieux. L'ambiance ? Elle va de paire avec la photographie, et le soin apporté à ce détail est quasiment absent. On ne peut pas réellement entrer dans les années 40 en regardant ce film. Le jeu d'acteur ? C'est le seul vrai plus de ce film. J'adore Sean Penn, et les films dans lesquels on le voit cabotiner, aussi actif qu'un chien qui demande un os, sont grandioses à mes yeux. J'aime beaucoup Josh Brolin, également. Il est parfait pour le rôle. Ryan Gosling joue le seul personnage qu'il peut jouer, le nihiliste. Et il y parvient sans problème (ce serait quand même grave qu'après plus de dix ans à se limiter à ce rayon d'action, il soit incapable d'en maîtriser les moindres détails). Giovanni Ribisi, c'est toujours un plaisir pour moi de le voir. Et je ne suis pas insensible au charme et à la plastique d'Emma Stone, contrairement à son jeu. En clair, le casting est bon. Très bon, même. Ruben Fleischer dispose ici d'une équipe cinq étoiles. Mais, malheureusement, il ne parvient pas à l'exploiter. Et ce dernier point est à l'image de la globalité de ce métrage. Si le réalisateur avait en mains de quoi entrer dans la cour des grands, il a tout gâché. Par le scénario, par sa réalisation, par son esprit très américain, très "On casse tout, on tue les méchants, on réfléchit pas". Je crois qu'on peut en vouloir à Fleischer, qui a gâché ce qui pouvait être, sur le papier, l'un des meilleurs films de 2013. Ce ne sera pas le cas. Ca reste sympa, mais ça pouvait être tellement plus...