Gangster Squad n'a ni la force d'un Scorsese, ni la classe d'un De Palma, ni l'esthétique d'un Michael Mann et encore moins l'envergure d'un Sergio Leone. En réalité, Ruben Fleisher se contente de recycler tous les procédés des films de gangsters des années 70/80 pour nous servir un étron qui oscille entre séquences conventionnelles et séquences archi ridicules. Le manque d'idées flagrant est ici compensé par des scènes d'action omniprésentes, où il s'agit d'exhiber le plus possible de Tommy Guns "parce que franchement ça en jette à mort".

Le scénario est complètement vide et tire des ficelles aussi grosses que des cordes (l'installation du système d'écoute qui se fait avec une aisance remarquable, le piège posé par Cohen que tu sens venir à des kilomètres à la ronde - mais pas les flics surentraînés, il sont trop cons -, bref j'en passe). Le spectateur n'est jamais pris par surprise, se contente d'anticiper les scènes et d'assister paisiblement aux fusillades, qui sont d'ailleurs esthétiquement très laides (Fleisher a voulu tenté quelques effets avec la caméra, mais visiblement ça n'a pas marché !).

Et que dire des dialogues, d'une indigence et d'une platitude rares, qui se résument à placer la réplique "choc" au bon moment, la réplique qui tue censée scotcher le spectateur à son siège, sorte d'auto-satisfaction pour le mec qui a pondu le script et qui devait s'astiquer le kiki à chaque vanne couchée sur le papier (ou pompée grassement sur ses aînés). Franchement navrant...

Même les acteurs n'y sont pas, et cette escouade de justiciers rassemblent tous les clichés à eux seuls. Entre Ryan Goslin a qui l'on a surement demandé de reprendre son rôle de Drive (genre je suis un mec décontracte mais faut-pas-non-plus-me-faire-chier-sinon-je-démonte-tout), et Josh Brolin le-dur-à-cuire qui se contente de foncer dans le tas (il aurait dû prendre exemple sur Elliot Ness) : on a là deux héros dont le charisme est aussi gros qu'une huître. Mais attention, car la Palme D'Or revient sans hésitation -et loin devant- à Sean Penn, qui est sans aucun doute le boss de la Pègre le plus mal fichu depuis belle lurette. Au final, le mec le plus sympathique durant ces deux heures de film restera notre bon vieux Robert Patrick, toujours bon à déconner et à cabotiner dès qu'il en a l'occasion.

Alors qu'il se voulait l'héritier de certains cinéastes cités plus haut, Gangster Squad se vautre complètement dans un académisme barbant, se contentant de brasser tous les poncifs des films classiques de gangsters, et n'offrant à aucun moment une once d'originalité. Franchement décevant de la part de Fleisher, qui pourtant ne manquait pas d'idées en réalisant Bienvenue à Zombieland...
badgone88
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le 9 avr. 2013

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