Pef, vraie gaffe cinématographique

Oui, j'y croyais. Ne me demandez pas pourquoi. La bande-annonce ne m'avait pas paru si mauvaise. Les adaptations de bandes dessinées cultes, c'est toujours casse-gueule mais aussi intrigant, même si, en l'occurrence, je suis totalement novice en la matière, ne connaissant quasiment rien de l'œuvre d'André Franquin. D'ailleurs, l'illusion a duré un petit instant : joli générique, un vrai effort sur les décors, les costumes et les couleurs : il y a une vraie volonté de retranscrire un univers personnel et inventif, ici transposé à l'époque moderne où il n'est pas bien compliqué de voir les moqueries adressées à la « start-up nation » et cette volonté de travailler, de rentabiliser toujours plus, quitte à s'asseoir allègrement sur le droit des salariés.

Mais bon, très vite j'ai compris que ces chouettes velléités allaient rester lettre morte. La machine à gags se met en route dès les premières minutes, et c'est la débandade. Lourds, répétitifs, à base de boum-badaboum et donc jamais drôles, encore moins sophistiqués, il est peu dire que l'inventivité ne règne pas 80 minutes durant, au point d'en devenir assez consternant, pas moments. Alors certes, on n'atteint pas le niveau d'abîme des « Profs » du même Pierre-François Martin-Laval, mais on n'en est parfois vraiment pas loin. Je ne sais pas ce qui tient exactement de la BD et ce qui a été purement rajouté, toujours est-il que ça ne fonctionne pas du tout, la grande médiocrité d'écriture des différents personnages ajoutant à l'embarras, aggravée par des comédiens souvent en roue libre voire légèrement hystériques (la palme revenant toutefois de loin à Arnaud Ducret : non seulement son rôle est ici totalement inutile, mais en plus ce dernier le rend absolument insupportable), seule Charlotte Gabris parvenant à arracher quelques sourires.

Bon, il y a quelques détails, notamment les références à la publicité, c'est un peu plus dynamique dans la dernière ligne droite, moins écrasée par le poids des blagues nulles (et accessoirement des bons sentiments, sur la fin). Mais bon, saborder un tel budget et un vrai effort visuel par l'indigence de son scénario et une estime visiblement assez peu élevée du public auquel on s'adresse tant j'ai du mal à concevoir qu'on puisse rire devant de telles situations, c'est triste. Très triste. Une comédie française ratée : ça en deviendrait presque un pléonasme, encore plus lorsqu'il s'agit d'adaptations d'un classique de la bande dessinée...