Excentrisme fantastique, un procédé de dissimulation

Grande fanfare de bandes annonces, exposition du casting, et éclats d'effets spéciaux sur une bande son tarantinesque. Alors oui le film est attrayant et oui le film rempli ses objectifs. Des objectifs qui correspondent à la volonté de créer une ambiance, des contrastes et une humeur particulière. Ajouter à cela une réalisation assez virtuose et des acteurs inspirés qui jouent vraiment bien le jeu, qui se sentent inspirés et prennent corps avec leurs rôles. Ils les vivent.

Tout d'abord, la bande son est de très bonne facture. Alors pour les puristes, elle est en décalage, morceau de rap et autres. Cependant une volonté de travailler sur les rythmes qui animent les années folles américaines. Des tonalités, jazz, soul, un vrai caractère musical. Finalement quelque chose de pas très étonnant en connaissant l'essence du cinéma de Baz Luhrmann. C'est à dire un cinéma cadencé et rythmé, articulé et vivifié par le rythme musical. Le tout, l'ensemble du film est une sorte de ballet euphorique dont le seul répit est le changement de place des musiciens. Un film qui déboule sur les boulevards et embarque sur son pare brise tous les passants, pour les faire participer à la débauche, à la fête, à l'euphorie de la masse. Le film est une sorte d'immense ballet. Et là culture cinématographique développée se calque sur les films des années 30, comme par exemple les grands ballets aquatiques ou les grandes comédies musicales. Une vraie culture de l'image qui ici donne une couleur et une dimension féerique. Même si les effets spéciaux et les images de synthèse peuvent sembler agaçante elles finissent par avoir leur attrait donnant à cette époque une dimension rêvée, une dimension de passé mythique.

L'interprétation est aussi de très bonne facture. Leonardo Di Caprio, qui malgré la récurrence de ses rôles, c'est-à- dire toujours dans le même style depuis Aviator. Cependant ici il donne cette dimension épique du personnage, galvanisé par la réussite, l'amour et l'excentricité, le caché et le sensible. Un Howard Hugues en puissance. D'ailleurs ce style léché sur cette époque, prend dans ses teintes les moins excentriques visuellement, un bout de l'Aviator de Scorsese. Le reste du casting est séduisant et la direction d'acteurs et réellement de bonne facture dans tous les rôles. Car au final les personnages font parti de cet élan, ils prennent une place plus ou moins centrale dans le récit, mais en définitive ils se révèlent être les acteurs du ballet. La dimension épique en réalité de cette valse macabre de l'amour et la fin de tout, le début de rien.

La réalisation ne lésine pas sur les images de synthèse, ce qui donne cette dimension imaginaire, avec notamment la succession de nombreux fondus ou encore de zooms en tout sens, le décor bougeant avec. Cette sensation de voir le monde en état d'ébriété de voir le monde avec euphorie, découverte, un regard sensationnel, un regard sensible, une sorte d'extase qui voit son paroxysme dans le "mix" alcool, musique, foule, intrigue et sentiments. Le film est en lui une sorte de paroxysme des expressions des sentiments de l'âme. Un pamphlet de la volonté humaine, poussée par les sentiments et les ressentis. Chacun a son objectif, chacun cherche sa voie, ses voies, les objectifs s'entre croisent et se servent mutuellement. L'euphorie de la vie, ascenseur émotionnel permanent, entre victoires et défaites, amour et perte, bien être et souffrance, vide de l'âme et plénitude. La vie se vit tambour battant, c'est pour ça que les objectifs sont là, ils évitent la dispersion.

En somme Gatsby ne dévie pas du roman originel, non. Il apporte un regard moderne, qui finalement en fait un songe, une sorte de poésie épique, telle une Odyssée, la destinée d'un homme, sa volonté. Le film interprète et donne ce sentiment de perdition et malgré de tout de perte de contrôle le croisement des chemins font se perdre les buts et entre choquent les volontés.

Gatsby est une sorte d'ode à la vie, une expression des sentiments, un regard sur le sensible, une tentative pour capter l'homme et au final, il n'est qu'un coup de vent. L'histoire passe à un rythme infernal et révèle ce que nous sommes, de l'éphémère, nous ne sommes pas immortels.
TheDuke
7
Écrit par

Créée

le 3 juin 2013

Critique lue 407 fois

4 j'aime

4 commentaires

TheDuke

Écrit par

Critique lue 407 fois

4
4

D'autres avis sur Gatsby le magnifique

Gatsby le magnifique
Hypérion
5

Leonardo le magnifique

Sensations très ambivalentes devant The Great Gatsby, alternant le génial, le confus, l'ampoulé, l'ennuyeux, le touchant... En préambule je dois préciser que je n'ai pas lu le livre (ce que je compte...

le 25 mai 2013

115 j'aime

7

Gatsby le magnifique
Templar
5

The Great Baz Art!

Baz Luhrmann a une vision baroque du cinéma: le 7e art est pour l'Australien un vecteur de spectacle, ça doit être plus grand que la vie elle-même, ça doit déborder à outrance comme si le cadre était...

le 14 mai 2013

102 j'aime

27

Gatsby le magnifique
ElDiablo
6

Gatsby double face

Gastby le magnifique lors de la première demi-heure du film voir la première heure m'a donné une impression des plus négatives : mauvais montage, effets étranges, insertion d'images d'archives bien...

le 19 mai 2013

70 j'aime

7

Du même critique

Baxter
TheDuke
8

Quelle vie d'humain!!!

Un modèle du genre. Alors quel genre? Ben je ne saurais pas dire. Mais ce genre de film où un facteur fantastique ne trouble pas la réalité dramatique des évènements. Une vraie bouffée d'air frais...

le 16 févr. 2013

20 j'aime

3

Gangs of New York
TheDuke
9

Épique

Une fresque épique, une virtuosité scénaristique, musicale, picturale et une main de maître dans la direction d'acteur. L'équation de la méthode Scorsese, comment donner un souffle épique et...

le 21 juin 2013

19 j'aime

4

The Descent : Part 2
TheDuke
2

Descente à la cave: le retour de la chipo tueuse

En voulant faire un jeu de mot je vais dire que je vais descendre ce film tout moisi. Parce que autant le premier était largement appréciable, là c'est carrément une catastrophe. Une trahison. Comme...

le 10 mai 2013

13 j'aime

4