Œuvre alimentaire !

Dans le genre "clonique":
1) à la sauce anticipation & action, vous avez l'excellent "À l'aube du 6ème jour" avec Arnold Schwarzenegger qui découvre qu'on l'a cloné à son insu et qu'on tente de l'éliminer pour mettre à sa place cette copie de lui-même.
2) à la sauce dramatique, vous avez l'excellent "Moon" avec Sam Rockwell qui découvre qu'il n'est qu'un pauvre clone appelé à être "jetable" en fin d'utilisation.
3) à la sauce dramatique également, vous avez l'excellent "The Island" avec Ewan McGregor qui découvre qu'il n'est qu'un clone à "pièces détachées" élevé en batterie au profit d'un riche propriétaire.
4) à la sauce comique, vous avez l'excellent "Mes doubles, ma femme et moi" avec Michael Keaton, qui se crée un clone pour l'aider à faire face à ses obligations quotidiennes... et se retrouve finalement avec des clones surnuméraires sur les bras.

Si vous avez vu ces quatre films qui balayent une grande partie de la "problématique" clonique, le pauvre Gemini Man vous fera sans aucun doute pitié par l'étroitesse de son scénario, la médiocrité de son interprétation (à de nombreux moments, on a même l'impression que Smith va éclater de rire au milieu d'une tirade, tant ce film devait lui tenir à cœur !) et la pauvreté de sa réalisation eu égard l'importance des moyens techniques et financiers mis à disposition d'un Ang Lee qui nous livre ici une œuvre de toute évidence alimentaire qui peine à remplir son cahier des charges. Ce n'est ni un bon film d'anticipation, ni un bon film de suspens (il n'y en a quasiment aucun, l'histoire est assez linéaire et convenue) ni un bon film d'action car il y en a trop et souvent en dépassement du raisonnable si l'on estime qu'une fiction doit respecter un minimum les lois de la physiques et de la biologie, sinon on peut raconter tout et n'importe quoi, c'en est précisément largement le cas dans ce Gemini Man.
Enfin, la reconstitution du visage jeune de Will Smith est parfois assez réussie, il faut le reconnaitre, mais aussi parfois complètement ratée. A-t-on donc commencé avec une compagnie d'effets spéciaux incompétente pour ensuite refiler le contrat au pied levé à une entreprise plus chevronnée, ou au contraire a-t-on ici commencé avec des cadors pour boucler sur le fil le budget en faisant appel à des troisième couteaux bon marché qui ont bâclé le travail ? On se posera en vain la question ou ne se la posera-t-on tout simplement pas car on aura compris qu'on peut sans dommage aucun pour sa culture cinématographique, sauter ce moment d'ennui de l’œil et de l'esprit... et de boucan incessant dans les oreilles.