Il y a des jours où on s'ennuie ferme au travail. Du coup, on en profite pour se rendre sur la chaine d'arte, et regarder d'excellents documentaires comme "Les bonnes conditions". Et c'est à ce moment que votre collègue rentre dans votre bureau, entame la discussion avec vous et vous dit : Ah oué, tu devrais regarder "Generation Wealth" c'est super ça parle des ultra-riches américains et de leurs lycées où tous les élèves sont millionnaires. Qu'à cela ne tienne, un rapide tour sur les internet plus tard, on se retrouve avec le docu en sa possession.


Et là : C'est la déception.


Sous couvert de dénoncer les excès de la société de consommation et l'obsession américaine pour le billet vert, Lauren Greenfield réalise un spot publicitaire d'une heure et demi sur sa vie, son oeuvre (un beau livre disponible pour 50€ sur Amazon), sa famille.


Si le documentaire aborde bien la question des excès commis par ceux qui refusent d'acter la mort du rêve américain, il le fait d'une manière superficielle et putassière. Un ancien rappeur, un ancien magnat de la finance, une ancienne pornstar, une ancienne égérie des horribles concours de mini-miss, les personnages en quête de rédemption (ou l'ayant supposément trouvée) s'enchainent devant la caméra.


Tous parviennent à la même conclusion : à trop vouloir s'approcher du soleil (en or massif), on finit par se brûler les ailes. Ouaouh, impressionant. Mais s'il faut sans doute prendre en compte que le rapport des américains à l'argent n'est pas le même que celui du français moyen, il n'empêche que jamais le documentaire ne remet en cause l'idéal de richesse promu à tout crin par la société du spectacle.


La banquière carriériste aura recours a une mère porteuse en toute sérénité pour s'offrir (il n'y a pas d'autre mot) sa fille, le financier cynique chialera un bon coup sur le fait que "l'argent ne peut pas acheter le sourire de ses enfants", le rappeur nous déclamera sa révélation quant à l'importance de l'éducation, mais aucun d'entre eux ne remettra fondamentalement en cause un système qui pousse des ados à s'entretuer dans leurs lycées, des malades à devenir addicts aux opioides ou qui permet à un gouvernement de laisser ses citoyens dans la misère la plus totale pendant que les responsables de la crise de 2008 continuent d'accumuler des dollars.


Au milieu de tout ça, Lauren Greenfield surnage et met en scène sa vie de famille compliquée, entre son addiction au travail et son ressentiment vis-à-vis de sa mère absente durant son enfance, non sans une certaine auto-satisfaction.


À la fin, elle nous montre son beau livre en cours de production en Chine, où les ouvriers de l'édition traitent chaque page comme l'objet de luxe qu'elle est.


De fait, Generation Wealth rate sa (supposée ?) mission d'oeuvre subversive pour n'être qu'une enfilade de platitudes somme toute assez puritaines voire réactionnaires à certains égards, à la gloire d'une photographe narcissique.

Manaan
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le 27 juil. 2019

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