Le gus a beau avoir commis l'irréparable en participant à cette gigantesque fumisterie que fut le diptyque "Batman forever" / "Batman et Robin", et avoir attenté à la pudeur de nombreux cinéphiles avec des purges comme "Bad company", "Flawless" ou sa version du "Fantôme de l'opéra", je conserve une certaine tendresse pour ce bougre de Joel Schumacher, artisan hollywoodien ne prétendant jamais autre chose que faire du cinéma accessible au plus grand nombre et ayant offert à mes yeux quelques mignardises comme "Chute libre", "Tigerland" (son "film d'auteur" forcément salué par la presse), "L'expérience interdite", "Phone game" ou encore "Génération perdue" dont je vais vous causer maintenant.

Pur produit de la génération MTV (comprendre: instantanément ringard donc potentiellement culte pour le public de l'époque), "The lost boys" (quel titre !) frôle plus d'une fois la schizophrénie, voir la bipolarité, sorte de version vampirique de "Peter Pan" et de "La fureur de vivre" clairement divisée en deux parties. D'un côté, le film de Schumacher établit un parallèle entre le vampirisme et une jeunesse en perdition en besoin constant de sensation forte, remplaçant l'addiction à l'héro ou à la coke par une dépendance au sang., doublée d'une vision bien particulière de la famille recomposée, les garçons perdus du titre original étant bien entendu les jeunes vampires à la recherche d'une maman.

De l'autre, nous assistons à un spin-off des "Goonies", de jeunes ados affrontant tel Van Helsing les suceurs de sang de Santa Carla, avec ce que cela implique de punchlines foireuses. Un délire régressif et stupide, à la limite du Z mais qui pourra avoir ses adeptes.

Shooté comme un clip de The Cure, "The lost boys" permettra, avec "St Elmo's Fire", à Joel Schumacher de faire son beurre à Hollywood et reste un joyeux bordel ultra kitsch (les fringues et les coupes de cheveux sont horribles) et complètement con, à l'interprétation calamiteuse (Corey Feldman est ridicule et Corey Haim est à baffer) mais offrant quelques beaux moments dégueux (le sang jaillissant des tuyaux) et totalement "autres", tout en restituant parfaitement ce que furent les années 80 dans mes souvenirs d'enfance, un moment à part dans notre histoire, où l'on avait encore le sens du fun et que l'on croyait que tout était possible.

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le 1 oct. 2013

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Gand-Alf

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