La boxe au cinéma, c'est un peu comme les scènes dans des bars ou des saloons, dès lors que c'est correctement mis en scène, cela fonctionne à tous les coups avec moi. Et ici, Raoul Walsh ne se contente pas de nous livrer un film correct, c'est bien face à un chef d'œuvre hollywoodien que nous sommes en présence.


Le récit relate l'ascension de James J. Corbett, considéré comme le père de la boxe moderne. Le réalisateur nous dépeint un personnage pour lequel une vie seule ne suffit pas pour le contenter. Ce dernier souhaite en effet à la fois devenir acteur pour jouer du Shakespeare tout en devenant le meilleur boxeur du monde. Cette soif insatiable des grandeurs fascine autant qu'elle irrite et on se met par moment à souhaiter comme Victoria Ware (interprétée par une Alexis Smith sublime) que le parfait Errol Flynn s'en prenne une bonne et revienne vers nous avec un peu plus d'humilité.


Pourtant, à aucun moment le commencement d'une moindre difficulté apparaît pour notre boxeur des faubourgs. Son arrogance, son assurance et son énergie à toute épreuve ne laissent aucune chance pour ses opposants. Même en amour, la femme la plus farouche ne réussit pas à lui résister mais parvient tout de même à le dévoiler.


En effet, Jim Corbett est tout sauf un gentleman. Son franc parler frôle la vulgarité et ses manières choquent l'upper class. En quelque sorte, le boxeur d'origines irlandaises nous rappelle sur certains points un certain footballeur suédois moderne tout aussi imprévisible. Aussi s'agit-il d'une ascension sociale fulgurante associée au développement d'un sport initialement pratiqué par l'aristocratie puis adopté clandestinement par les classes populaires. Notre héros sera le premier à professionnaliser la boxe afin de le faire rentrer dans une nouvelle ère.


Le passage de témoin entre un Ward Bond fringuant et notre héros aux portes de la gloire est sûrement l'une des plus belles scènes du cinéma américain. L'humour omniprésent à travers les répliques entre Errol Flynn et Alexis Smith nous enchante tout autant que l'admiration sans faille du père Corbett pour le bûcheron John L. Sullivan.


Raoul Walsh nous rappelle encore une fois qu'il fait partie des plus grands réalisateurs de son époque en nous offrant une œuvre parfaitement rythmée, énergique, dont les scènes de boxe (finalement pas si nombreuses que l'on pourrait s'y attendre) mises en scène au millimètre près sont le point d'orgue.

Kevin_R
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le 11 janv. 2016

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