[Contient des spoilers] Anthologie horrifique de trois réalisateurs allemands dont chaque segment prend place à Berlin et cristallise les angoisses et peurs de ses habitants.


Final Girl (Jörg Buttgereit): Le quotidien d'une jeune fille séquestrant et tuant des hommes que l'on suppose responsables de violences envers des femmes, dans un appartement dont on ne sait si elle est l'habitante ou l'intruse, avec pour seul compagnon le cochon d'inde qu'elle chérit.
Caractérisation lourdingue et féminisme d'hommes qui ne le supportent que dans l'expression d'une violence sauvage envers des individus identifiés.
Ainsi, l'innocence apparente du personnage principal sera appuyée continuellement, péniblement par de multiples gros plans sur son appareil dentaire, ses vêtements aux imprimés enfantins et l'affection qu'elle porte à son animal tout en projetant un désir de castration vétérinaire pour mieux dominer et tuer sa victime humaine. Trouvant son aboutissement dans un meurtre ridiculement gore, on reste assommé par la vulgarité du propos en contraste avec l'élégance de la réalisation, à la photographie soignée.
Et qu'à voulu dire le réalisateur en ouvrant son histoire sur le rapport radio de violences misogynes commises par des hommes racisés et/ou musulmans et en le fermant sur la vision lointaine d'un minaret malgré une victime bien blanche? Un rappel antiraciste maladroit que les bourreaux de femmes traversent toutes les classes sociales?


Make a Wish (Michal Kosakowski): L'évocation d'une amulette magique ayant sauvé la vie d'une petite polonaise dont les nazis ont massacré la famille et trouvant une nouvelle utilisation à travers un couple moderne molesté par une bande partageant la même idéologie.
Un peu de fantastique et beaucoup de torture porn dans ce segment où l'on sent le réalisateur perdu dans ses justifications quand à la violence montrée, qui se rattrape difficilement à un twist mal amené qui aurait pu être d'un désespoir déchirant.


Alraune (Andreas Marschall): Pour oublier ses déboires amoureux, un homme accepte de suivre une mystérieuse jeune femme dans un club privé dont l'adhésion est définitive.
Le plus réussi des trois segments, sans doute parce qu'il est le plus long (quarante minutes contre vingt-cinq pour les deux autres) mais aussi parce que c'est le seul à assurer une continuité esthétique et narrative. En se basant sur la moiteur et le rapprochement des corps lors des nuits berlinoises, Andreas Marschall réalise une sympathique œuvre mêlant onirisme et fantastique mais dont l'ambiguïté ne tient pas au point de faire oublier un background qui manque de densité (le club, plus carton-pâte qu'antre des plaisirs basé sur une plante légendaire) et un acte final surjoué.

Ramya
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste 2016 - Les Films Vus [Liste Commentée]

Créée

le 13 mars 2016

Critique lue 2.3K fois

7 j'aime

2 commentaires

Ramya

Écrit par

Critique lue 2.3K fois

7
2

D'autres avis sur German Angst

German Angst
LesGloutons
6

Critique de German Angst par LesGloutons

Film à sketchs (3) Horrifique se déroulant en Allemangne. Le premier Final Girl par le réalisateur des Nekromantik, ou encore Schramm et Der Todesking, Jörg Buttgereit, met en scène une jeune fille...

le 3 sept. 2021

1 j'aime

German Angst
abra_
7

Les allemands aiment bien couper des trucs

Une gosse qui coupe des trucs, des fascistes qui coupent des trucs, et un monstre à tentacule qui coupe des trucs. J’ai pas envie de me faire couper le truc laissez moi tranquille.

le 11 janv. 2024

German Angst
Benjooouille
7

Pas compris

1 - Coupe-zizi + hamster, pépite2 - "L'un dans l'autre", bof3 - Mandragora, le plus long et le moins bon même si amoureux de la voix de l'acteur principal

le 3 déc. 2023

Du même critique

German Angst
Ramya
6

Peur sur la ville

[Contient des spoilers] Anthologie horrifique de trois réalisateurs allemands dont chaque segment prend place à Berlin et cristallise les angoisses et peurs de ses habitants. Final Girl (Jörg...

le 13 mars 2016

7 j'aime

2

Unpacking
Ramya
4

Comme un dimanche pluvieux

[Spoilers]Présenté comme un jeu de rangement/puzzle relaxant où la trame scénaristique se fait à travers les objets que tu ranges dans les différents foyers au cours de ta vie (l'université, la...

le 5 janv. 2024

5 j'aime

Philosophy of a Knife
Ramya
5

Critique de Philosophy of a Knife par Ramya

On ne pourra pas reprocher à Andrey Iskanov d'avoir choisi la facilité pour son troisième film avec cette œuvre colossale divisée en deux parties soit près de 4h30 de film. Il retrace l'histoire de...

le 30 déc. 2013

5 j'aime

5