Bruce LaBruce se plait à détruire les codes de la société traditionnelle. Le terme « revolution » devenant le mot d’ordre de la copine de Lake, qui, à l’image du spectateur, observera sans broncher la relation entre un vieil inconnu et son copain Lake.

Apôtre d’une révolution des mœurs, des couples et de la sexualité, Bruce Labruce créée un monde libertin où la mère et la copine du héros flirtent respectivement avec leurs patrons et où les différences sont "normalisées" : Lake est un jeune hétérosexuel blanc, au visage trop sympathique et angélique pour être convaincant, qui se masturbe devant le poster géant de Mahatma Gandhi ; Mr Peabody, lui, est un vieil homosexuel noir.
En définitive, Lake, un hétéro blanc de 20 ans veut se faire un black homo de 81 ans.
Niveau je-brise-les-carcans-de-nos-sociétés-traditionnelles-de-merde, Bruce LaBruce mise tous ses jetons.

Le projet d’une telle mixité et liberté est louable mais, au lieu d’adopter une posture subversive, le réalisateur plonge et s’enferme dans la niaiserie. Le devenir du film, à partir de la gentillette évasion de la maison de retraite– qui vient assassiner le film à sa moitié – reste très classique, prévisible tel un quelconque téléfilm romantique.
De plus, dans le monde de Bruce LaBruce, tout le monde il est gentil : référence à la réaction aseptisée de la copine de Lake qui observe sans juger et sans se barrer en courant la relation unique entre Mr Peabody 81 ans et son cher copain 20 ans, prétendu hétérosexuel – parce qu’elle l’aime et que l'amour qu'elle lui porte dépasse tout et blaaablabla. Mouais, j’y crois pas trop.
La copine de Bruce s’avère dans tout le film, malgré son honnête prestation, une simple caricature dont la présence ne se justifie uniquement par le fait qu’elle porte en elle le terme « Revolution » contribuant au projet faussement subversif du film.

Le seul moment où le réalisateur tente de s’élever réside dans une scène de rêve dans laquelle Lake se blottit dans le lit contre M. Peabody en lui léchant les blessures ouvertes sur son dos. Mais, malheureusement, ce rêve se referme rapidement sans suite et le film reprend la routine habituelle d’une comédie romantique type. Au développement de la psychologie des personnages, le réalisateur préfère boucher les trous avec des dialogues parfois drôles, souvent inutiles.

A mesure que le film avance, la B.O se durcit et on s’ennuie à l’image de Mr.Peabody qui, à mon sens, n’a pas l’air d'expressément apprécier la relation. Le film en ne donnant qu’un sens à la relation (Lake AIME Mr.Peobody, sans réciprocité apparente) affirme et individualise d’autant plus le côté « dérangé » de Lake, ratant ainsi le coche.

Dans un Québec malheureusement terne, on ne ressent guère d’empathie pour deux personnages atypiques mais fades. Par sa réalisation classique, Gerontophilia manque l’occasion d'éclairer une problématique intéressante et rarement discutée. En d’autres termes, on sort du visionnage sans vraiment d’interrogations alors que le film avait vocation à interroger.
OG_LOC
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le 2 avr. 2014

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