Une réflexion intéressante sur le fait d'être noir aux USA à travers un film moins enthousiasmant

Get Out n'avait pas de date de sortie française, puis face au succès phénoménal du film sur le territoire américain, il a obtenu l'autorisation d'accéder à nos salles obscures. C'est donc le 3 mai, que sort enfin ce thriller horrifique dénonçant le racisme avec une pointe d'humour, tout un programme qui ne sera pas à la hauteur de mes immenses attentes.


Après 4 mois de relation, Chris Washington (Daniel Kaluuya) va se rendre dans la famille de son amie Rose Armitage (Allison Williams). Il faut préciser que Chris est noir, alors que Rose est blanche et qu'elle n'a pas prévenu ses parents sur la couleur de son petit ami, ce qui le met mal à l'aise car il sait que cela peut foutre un sacré bordel dans une famille. Mais tout va bien car son père a voté deux fois pour Obama et une troisième s'il avait pu se présenter à nouveau. C'est la version US de "je ne suis pas raciste, j'ai un ami noir (ou arabe, ou poilu, ou extraterrestre, etc...). Le vrai problème, c'est qu'au bout de 4 mois, il rencontre déjà sa famille, c'est super rapide, non? En plus, il a un chien de mémère, ils se tiennent tout le temps la main et ils s'aiment! Putain, il s'est fait blanchisé par sa Rose vénéneuse! Sinon, il a un pote noir enrobé, rigolo et obsédé Rod (Lil Rel Howery), ce qui est super original mais participe au mélange des genres dans lequel le film nous concocte un cocktail un brin subversif et sarcastique.


Durant la première heure, on se tape une percussion avec un chevreuil pour tenter de nous secouer dans notre fauteuil, suivi d'un policier raciste (pléonasme) au crane rasé (ou chauve, ou nazi) demandant ses papiers à notre héros. Une manière pas très subtile de nous montrer que les noirs ne sont pas les égaux des blancs face à la police (et ailleurs). On va aussi avoir une personne passant dans le dos du héros en pleine nuit et une autre fonçant vers lui. Cela occupe, ça fait passer le temps et on va pouvoir assister à la séance d'hypnose. Les blancs contrôlent l'esprit des noirs pour en faire leurs laquais. C'est bon, on avait compris, tu peux enlever tes gros sabots Jordan Peele, merci. Au cas ou certains d'entre vous n'ont pas capté ou il veut en venir, on va avoir droit à une nouvelle salve des plus subtile. C'est à ce moment-là que le film décolle un peu, mais pas trop, il ne faut pas bousculer le spectateur, le temps qu'il absorbe toutes les informations..... Il est bien loin le temps des excellents films de George A. Romero et John Carpenter, vraiment trop loinnnnn.


Au XXIème siècle, on se contente de peu et on régresse. Une preuve? Donald Trump est président des USA. Sinon, on a aussi Marine le Pen au second tour des présidentielles, bref nous sommes dans une période de grand obscurantisme avec une remontée effrayante du fascisme dans la plupart des nations. Le fait de mettre un noir dans un environnement bourgeois blanc (marche aussi chez les redneck), en le confrontant à tout les clichés racistes, c'est une expérience à ne pas reproduire dans la réalité. En fait, le film s'adresse principalement aux blancs ne se rendant pas compte du fait d'être noir en Amérique (marche aussi en France et ailleurs). Avec internet, les réseaux sociaux et à moins de ne pas suivre l'actualité en se contentant de son nombril, c'est difficile de ne pas se rendre compte de la difficulté d'être noir dans ce monde. De tout temps, les blancs pillent le continent africain de ses ressources, mais aussi de ses habitants pour s'en servir comme main d'oeuvre. Le film appuie bien sur ce fait, à travers un invité déclamant que c'est à la mode d'être noir, ou même avec le père de Rose adoptant un langage "noir" pour être cool. Avec l'évolution du monde; du moins en apparence; le blanc se fait plus sournois en volant la culture noire et en se l'appropriant. Quel sera la prochaine étape, s'introduire dans leurs corps dont ils sont jaloux?


Le film est plus intéressant dans sa réflexion, que dans sa réalisation. Jordan Peele utilise des effets vu et revus, que ce soit dans l'horreur ou la comédie. C'est tellement convenu que l'on sait ou cela va nous mener, ou presque. Je dois avouer qu'il y a une petite feinte que n'aurait pas renié Mary Shelley. Pas de quoi en tirer une immense fierté, c'est surtout dû à l'absence d'une atmosphère angoissante, cette angoisse provenant surtout de la pénible Allison Williams échappait de la série Girls devenue aussi horripilante que sa créatrice et actrice Lena Dunham. Son petit frère dans le film, Caleb Landry Jones est tout aussi agaçant. Ces constats se font toujours à cause de l'absence de tension et horreur. Il faut bien combler les blancs jusqu'à la vente aux enchères, n'est-il pas? La stupidité et lucidité de Lil Rel Howery finit par être salvatrice et il va falloir un peu de coton dans les oreilles pour avoir droit à un peu de tendresse dans ce monde de blancs nantis et racistes.


Le fond est intéressant : l'Amérique est un pays raciste tuant et volant la culture des noirs. La manière de le démontrer à travers diverses situations ou astuces (l'hypnose) n'est pas vraiment subtile. La longue exposition finit par calmer mes ardeurs. Ce n'est pas ennuyeux, cela reflète le climat actuel de nos sociétés, mais le côté angoissant avec ses creux et ses tentatives humoristiques digne d'une sitcom ABC est tempéré. Bien sur, on comprend vite que l'horreur provient du fait d'être noir aux états-unis. Ce n'est pas un scoop, sauf pour ceux qui vivent dans une bulle ou en ont strictement rien à foutre.


Le succès du film est étonnant, peut-être un brin excessif mais comme des Fast & Furious, Avengers, La belle et la bête, etc... engrangent des milliards dans le monde et de plus en plus en Chine, alors pourquoi pas. Il en faut pour tout les goûts et surtout le film apporte un peu de réflexion par le biais d'un petit thriller horrifique, ce qui n'est pas négligeable dans notre société actuelle.

easy2fly
3
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le 3 mai 2017

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7 j'aime

Laurent Doe

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