Un PUTAIN DE CRÂNE ENFLAMMÉ ne sauve pas tout

Certains super héros, on sent que ça va pas être facile de les aimer. Faut avouer que les histoires d'encapés, ça remonte quand même, maintenant. Du coup, les histoires initiales de nos parangons de la justice, elles sont parfois un peu capilotractées. Pire, en prime, ils se paient assez souvent des costumes de l'espace, bien à l'ancienne. Ce qui, notons-le, n'enlève rien à la gloire de ces cocos, mais ils n'ont tout simplement pas le look. Ghost Rider, il part quand même avec un bon point, pourtant. Il a un PUTAIN DE CRÂNE ENFLAMMÉ en guise de tête et ça, putain, ben ça bute. Niveau badasserie, ça se pose là. En prime, il est fringué comme le Terminator et ça, y a pas à chier, c'est quand même une noble inspiration. Tout comme Spawn, il a compris que les chaînes, ça piquait grave et en invoque à tire-larigot. Et tout comme Spawn, il a été adapté avec une espèce d'envie sous-jacente de pondre un navet intersidéral. C'est pas de bol, quand même.

Mais ne mettons pas la charrue avant les boeufs enflammés des enfers abyssaux : Ghost Rider, c'est d'abord Johnny Blaze et pour être blasé, ça, Johnny, il l'est. Faut comprendre ce pauv' vieux : son père va canner d'un cancer du fumeur tout bientôt. Alors pour le sauver, Johnny, qu'est bien futé, accepte de signer avec son sang un pacte auprès de ce qu'il croit être un de ces fameux cancérologues itinérants. Ce dernier lui a promis qu'en échange de son âme, le papa de Johnny survivrait alors, haha, Johnny rigole, parce que son âme, il en fait rien, de toute façon, il y croit même pas. Il signe donc, et bim, son père va mieux. Seulement, à peine remis, bim, son père se mange une bûche et décanille malgré tout. Ah oui, son papounet, il était cascadeur professionnel et avait tout appris à son fiston qui, maudit, décide de plaquer Eva Mendes et de reprendre le flambeau familial. Y a pas à dire, Johnny, il est bien sympa, mais il est un tout petit peu con.
Quand je vous disais que les histoires de super héros, parfois, c'était bien bas du front. De cascadeur à deux francs, Johnny devient le Ghost Rider, un être démoniaque, infernal et biker au possible, qui ride à la poursuite des méchants - parce qu'il est encore plus MÉCHANT. Ben oui, lui, il a un PUTAIN DE CRÂNE ENFLAMMÉ, suivez bon sang. Le scénario est pourtant pas si difficile à suivre : un big méchant apparaît, invoque les quatre seconds couteaux les plus impotents de l'histoire du cinéma, et se met en quête d'un pacte dont la somme, des âmes, n'a jamais été réclamé. Et ça le rendrait - oh bon sang - tout puissant, blabla, du coup, l'avenir du monde en dépend plus ou moins, bref, rengaine habituelle. Le problème est le suivant : Johnny Blaze, ben c'est Nicolas fucking Cage, l'homme qui fait n'importe quoi, n'importe comment et avec n'importe qui. Je crois qu'il fait aussi les Barmitsva et les anniversaires, si quelqu'un a besoin. Il peut bien animer un mariage, aussi. En tout cas, confions-lui vite quelque chose à faire avant qu'il ne continue l'acting, chose qu'il aurait dû abandonner, disons, après "Volt/Face", histoire qu'on garde de lui un bon souvenir. Bref, une nouvelle coupe de cheveux improbable, des nouvelles expressions horriblement mélancolico-dépressives et de nouveaux gags à base de grosses grimaces, Nicolas tente de ravir la galerie en faisant un peu le pitre et ne croit à son rôle que lorsqu'il s'agit de faire passer la douleur de ne pas pouvoir se taper vite fait Eva Mendes. Elle n'est pas beaucoup plus épargnée, la pauvre, puisque dans son rôle de love interest, elle restera béate et passive tout le film, jusqu'au moment fatidique où elle acceptera que son mec soit un démon des enfers, pas de souc'.
A la limite, j'ai déjà vu des films parvenir à divertir avec des acteurs pas top. Mais encore fallait-il trouver quelque chose derrière. Le second problème dans l'écriture vient du fait qu'à bien choisir, Ghost Rider ne sait pas trop vers qui se tourner : alors, grand public avec humour potache, doigt d'honneur et tout, ou quelque chose de plus mature - plus fidèle au comics d'origine sans doute - mais qui sera sans doute destiné à un public de niche ? L'humour potache, donc, est vraiment très relevé, tranche incroyablement avec le concept du film et rend la pellicule complètement bâtarde. C'est dommage, parce que l'idée de faire du Ghost Rider un être qui prend pas spécialement de pincettes et fonce tête baissée, attirant l'attention du public mais rien n'à fout', "j'ai un PUTAIN DE CRÂNE ENFLAMMÉ, môssieur !", ça aurait été un angle intéressant dans quelque chose de sérieux. Et sérieux, ce film ne l'est pas. Les quatre fameux bras droit du boss final sont des quiches au thon froide. Des êtres doués d'une impotence telle qu'on se demande encore comment quelqu'un a pu les juger dangereux. C'est bien simple, il n'y en a pas un - et je ne plaisante pas - qui ne fait qu'une seconde semblant de frapper le Ghost Rider. Le démon du vent, il regarde le héros chercher comment le détruire sans même tenter de l'agresser, patientant jusqu'à ce que le protagoniste ait trouvé la solution. Toi dangereux, toi faire peur. Toi mort. Bravo.

Scénario en carton, dont la chute finale est tellement attendue que c'en devient presque une surprise que le méchant lui-même ne saisisse pas le piège avant (remarque : le meilleur moyen, ici, de détruire le méchant est de le laisser gagner, c'est fort quand même. Mais le pire, c'est que c'est pas si simple : ses hommes de main sont des incompétents notoires ! un vrai dilemme). Des séquences gratuites, un manque flagrant d'imagination et de sérieux, voire même de respect pour un personnage dont, apparemment, tout le monde se fout. Normalement, j'aime bien être le seul à m'en foutre et c'est vrai que le Ghost Rider a un capital kitsch assez élevé mais se faire piétiner comme ça, c'est vraiment pas cool. D'autant qu'il a un PUTAIN DE CRÂNE ENFLAMMÉ, quoi. Et qu'il crache du feu des enfers. Un peu de respect, merde.
0eil
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le 30 janv. 2015

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