Voici ce que j'avais écrit juste après avoir vu ce premier épisode. Je reviendrai ensuite sur mon ressenti avec le recul.

- J'ai aimé.

Au chapitre des principales déceptions, le scénario un peu trop arbitrairement alambiqué pour seulement 1h de film. J'ai eu la nette impression que le scénariste voulait faire honneur aux films, à la série et aux manga en proposant quelque chose de tortueux, mais en forçant un peu trop le trait, tronquant des scènes d'exposition qui auraient pu davantage asseoir l'histoire et maintenir l'intérêt. Cela dit, ça change des scénarios de Kenji Kamiyama, que j'adore mais qui finissent par tous se ressembler. Il faut dire aussi que les sous-titres diffusés en salle n'étaient franchement pas géniaux, parfois j'avais la même impression que dans la traduction de MMI chez Glénat (Ghost In The Shell: Man-Machine Interface, manga), c'est à dire presque du contresens.

L'histoire couvre la genèse du major, de ses partenaires et de la section 9 autour d'une affaire politico-criminelle somme toute assez banale. Autre chose qui ne m'a pas forcément plu, la pléthore de références et clins d’œil aux icônes de Ghost In The Shell, à la limite du fan-service.

Mais les bonnes surprises compensent largement les déceptions : l'ambiance et l'atmosphère, même si elles sont loin du niveau des films de Mamoru Oshii, sont nettement plus présentes que dans GITS:SAC, qui était parfois l'incarnation de la froideur (ceci n'est pas une critique). La pluie, les orages oppressants qui guident l'OAV sont très réussis, de même que les quelques scènes lentes et muettes d'introspection ou de contemplation. Le rythme, d'ailleurs, est plutôt haletant. Il alterne entre exposition, intrigue et action de manière agréable faisant que, même sans être totalement convaincu ou sans comprendre tout ce qui se passe, on suit l'OAV jusqu'au bout avec plaisir.

Visuellement, c'est beau et fluide. On retrouve quelques environnements déjà présents dans la série, dont le design est globalement très proche, mais l'image est bien plus léchée. Le character design est lui aussi très proche de la série, légèrement rajeuni pour la préquelle mais parfaitement reconnaissable. J'ai eu un peu peur en voyant Motoko se désaper, elle va même (SPOILER) jusqu'au nu intégral, mais j'ai trouvé que c'était montré avec beaucoup de goût : on ressent réellement l'attitude d'un cyborg complet, dans un corps visuellement banal, un outil qui n'est jamais sexualisé à l'image (/SPOILER).
Certains pourront être surpris par l'aspect visuel de quelques cyborgs qui pourraient leur rappeler des mangas ou animés moins sérieux, plus grand public. Cela ne m'a pas dérangé, pour la simple et bonne raison que les cyborgs du manga original sont souvent bien plus exubérants que ce qu'on a pu retrouver dans la série.

Enfin, je ne m'attendais pas à des scènes d'action de cette qualité. Exit l'un des points noirs de la série avec ses scènes brouillonnes ; Ici, tout est fluide, viscéral. Les impacts sont monstrueux, la chorégraphie très chouette.

L'ensemble fait plus 'film' que l'OAV de SSS (Ghost In The Shell - Standalone Complex: Solid State Society, anime), il est plus accessible et mieux réalisé pour quelqu'un qui ne connaît que vaguement l'univers car on peut choisir de s'accrocher exclusivement à l'ambiance et aux combats. Ça n'en reste toutefois qu'un premier simili-OAV -- un peu trop court -- sur quatre et ça se ressent bien.

22 juin 2013 -

Bon. Depuis, je n'ai toujours pas vu l'épisode 2, ce que je vais corriger sous peu. J'ai par contre eu le temps de laisser ce premier épisode décanter, et je suis un peu plus circonspect quant à mon impression initiale. Ce que j'ai écrit dans la critique reste valide, à ceci près que deux images se sont depuis ancrées en moi.

Premièrement, celle d'un capharnaüm d'idées exclusivement placées là pour faire du fan-service et/ou rendre l'histoire complexe gratuitement parce que "Ghost In The Shell se doit d'être complexe". J'aurais préféré que le réalisateur prenne plus de risques et se distancie davantage des références ou attributs archétypaux de la série, vraiment trop nombreux ici. Cette impression a vraiment pris le dessus sur tout le reste depuis mon premier visionnage.

Deuxièmement, l'image du vilain cyborg qui surveille et veut faire du mal à Motoko : Raizo (je crois). Je ne saurais mettre le doigt dessus avec plus de précision, mais ce personnage m'a fortement déplu dans sa superficialité et la manière dont il a été écrit, servant juste de mini-boss qui ne fait en rien progresser l'histoire. Là aussi, je suis agaçé par la gratuité d'un deus ex machina se permettant de justifier un combat où l'on nous sert en plus les poncifs du bras cyborg arraché et de la boîte crânienne enserrée dans une pince mécanisée. Tout cela était bien inutile en ce qui me concerne.

Enfin, l'histoire contient un détail que je n'ai pas forcément compris, mais qui a le fort potentiel de m'agacer ; ceux qui ont vu le film pourront peut-être m'éclairer. C'est un très gros spoiler donc je l'ajouterai après cette courte conclusion : Ce premier épisode de Ghost In The Shell : Arise veut bien faire mais veut surtout trop faire. Pour le coup, Kazuchika Kise et Tow Ubukata en font vraiment beaucoup, de l'orgie de références aux méandres de l'histoire, ils gâchent en partie un court film Ghost In The Shell tout de même haletant, beau et stylisé, divertissant et doté de quelques très bonnes idées. Cette histoire d'origine de la section 9, introduite de cette manière, possède du potentiel, mais il faudra s'attarder sur les épisodes suivants pour infirmer mon ressenti d'un certain manque de classe et de subtilité couplé à une absence de prise de risque.

Terminez votre lecture ici si vous avez l'intention de voir ce film un jour (spoiler).

Un doute plane sur l'origine de Motoko, la faute au scénario tordu. Cette dernière se fait implanter une fausse mémoire par un virus, est-elle sous l'emprise de ce virus lorsqu'elle dit qu'elle est cyborg depuis sa naissance ? Je ne suis pas parvenu à en avoir le cœur net, tellement cela m'a choqué. Cela va contre tout ce qu'on sait d'elle tous médias confondus, à savoir qu'elle est devenue cyborg suite à un accident. Si cela a changé, je n'aime pas du tout cette petite liberté prise par le réalisateur car cela empêche de former un tout Ghost In The Shell cohérent.
faelnor
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le 7 déc. 2013

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