Comme dans tout film d'épouvante qui se respecte, on crie beaucoup dans Ghostland et cela tourne parfois à l'hystérie. Les effets habituels et censés être terrifiants sont de sortie, également. Nonobstant ces motifs récurrents et passablement lassants, le film s'élève au-dessus du tout venant horrifique par sa construction maligne, vaguement inspirée de David Lynch, avec introduction dans l'espace mental de l'une des héroïnes. Ce jeu entre fantasme et réalité ne manque pas d'audace quoique le réalisateur insiste un peu trop sur le procédé, façon didactique de ne pas perdre en chemin les spectateurs distraits. Ghostland est assez sordide et moyennement sanglant mais surtout mâtiné de poésie mélancolique comme pour un abandon définitif des tendres rivages de l'enfance. Si Ghostland est en grande partie un huis-clos, ce qui n'est pas trop pesant vu les ellipses "rêvées", le gothique du décor avec ses poignants visages de poupées, de véritables personnages du film, apporte un supplément d'intérêt à une action qui, on l'a dit, se révèle des plus classiques dans son atroce déroulement. Mylène Farmer est en tête d'affiche mais son rôle est somme toute secondaire, ce sont Crystal Reed et Anastasia Phillips qui se coltinent les scènes les plus musclées et, ma foi, elles s'en tirent avec les félicitations du jury.