Après les contre-performances de ses deux précédent films (Escape From L.A ayant eu des pertes de l'ordre de 25M$ et Vampires arrivant tout juste à rembourser ses frais), Carpenter est au bout du rouleau.


Ayant déjà pensé à se retirer du cinéma (après le tournage d'Escape From L.A) le revoilà malgré tout sur le pied de guerre en 2000.
Il a écrit le troisième épisode des aventures de Snake Plissken, Escape From Mars (bien qu'il ait admis avoir réaliser le film de 96 pour faire plaisir à un Kurt Russell insistant) et tente de monter le projet.


Cependant, aucun studio n'est près à accueillir ce projet, vu la non rentabilité de ...From L.A.
Big John décide donc de réécrire le script, puis la division film "low cost" de Sony Pictures - Screen Gems - accepte le projet rebaptisé Ghost of Mars.


Mais les exécutifs du studio lui impose la nouvelle star du moment, le rappeur Ice Cube (qui l'appellera "a piece of shit", lui qui a fait XXX 2...).
Une fois celui-ci à bord, Jason Statham - qui devait interpréter Desolation Williams - est catapulté malgré lui dans la défroque de Jericho.


Le reste du casting fait la part belle à d'anciennes gloires:


-Pam Grier (rescapée de ...From L.A,)


-Clea Duvall (The Faculty)


-Joanna Cassidy (Blade Runner)


-Robert Carradine (The Long Riders)


-Wanda De Jesus (RoboCop 2)


-et bien sûr, Natasha Henstridge (Species).


Mars, 2176.
Société Matriarcale.
La narratrice (Charlotte Cornwell, demi-sœur du romancier John Le Carré et actrice de théâtre) nous apprend que des récits troublant se répandent, concernant une mystérieuse force millénaire qui s'emparerait des avant-postes miniers.
Le Lieutenant Ballard (Henstridge) et la Commandante Braddock (Grier) sont dépêchées sur l'une de ces colonies minières, pour y récupérer un hors la loi célèbre: Desolation Williams (Cube).
Une fois sur place, elles y découvrent que le lieu est désert puis tombent sur des trainées sanglantes, ici et là.
L'escadron de la Mars Police Force va faire la connaissance des autochtones des lieux: des humains possédés par les esprits du peuple Martien.
Elles n'auront d'autre choix que de demander l'aide de Williams, en échange de sa vie...


Résumé de la sorte, tout montre que ce scénario (bien que modifié) laisse transparaitre un pitch très "Plisskenien".
Vous remplacez simplement Desolation Williams par Snake et vous voilà dans Escape From Mars.


En effet, prenez quelques scènes au hasard:



  • la voix-off qui met en place le récit,


  • le fait que Williams soit LE hors la loi mythique de l'histoire,


  • la WTF attitude dudit Williams,


  • celui-ci s'est fait coffrer suite à un braquage,


  • le seul but de Williams, c'est d'aller de l'avant sans s'intéresser à qui que ce soit et à sa manière,


  • les possédés renvoient aux freaks présents dans Escape from N.Y et L.A,


  • Williams s'en sortira par une pirouette finale...



On retrouve aussi ça dans la réalisation même de Carpenter, car celle-ci est aussi "sèche" que dans le diptyque "Plisskien" et les dialogues sont tout autant minimalistes.


Mais les studios en ayant décidés autrement, Escape From Mars devint donc Ghost of Mars.


En évacuant le côté "Plisskien" de l'affaire, on se retrouve donc avec un sous-texte concernant une civilisation spoliée de ses terres (on pense aux Natifs Américains, puisque Big John parle de l'Amérique dans tous ses films) et qui feront tout leur possible pour la récupérer.


Mais alors, qu'est-ce qui cloche dans ce film?



  • des effets visuels pas terribles (et ce, malgré un budget de 28M$ soit une fortune pour Carpenter), on retombe dans les mêmes travers que...ah tiens, Escape From L.A, soit des séquences embarrassantes qui nuisent à la vision du film.


  • une non direction d'acteurs (une volonté artistique de Big John, pourtant),


  • un montage un peu confus abusant du fondu enchainé,


  • un Carpenter qui ne semble pas vraiment impliqué (et appliqué) dans sa réalisation,


  • des chorégraphies de combat bien mollassonnes,


  • un usage abusif de slow motion, réduisant l'impact des scènes d'actions,


  • et enfin, une certaine langueur dans le récit.



On remarquera que l'un des axes du récit nous renvoient directement à Assault on Precinct 13, puisque les membres du MFP finiront reclus dans un bâtiment, tandis que les possédés avancent par vague (une fois l'une décimée, une autre la remplace) dans le seul but de leur faire la peau.


Daddy Mars (Richard Cetrone) est un personnage iconique à mort (excellent antagoniste pour un Plissken movie) mais il perd progressivement de sa puissance visuelle pendant le film, faute à un scénario ne sachant qu'en faire.
A savoir que le langage des Natifs (en fait, seul Daddy Mars l'utilise) semble un peu "autre" à l'écoute, car contenant uniquement des voyelles (la prothèse dentaire de Cetrone l'empêchant d'articuler quoi que ce soit)...


En résumé, ce film est moins bien que ce que ma mémoire le supposait.
Reste une B.O bien énervée qui donne une pêche d'enfer.

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le 20 févr. 2017

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The Lizard King

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