Gina
6.7
Gina

Film de Denys Arcand (1975)

Documentaire social + Rape & Revenge

Espèce d'OVNI cinématographique, Gina peut perturber par son mélange des genres.
Le film nous montre la vie sans avenir des villageois québécois. Je précise tout de suite qu'il ne faut pas être allergique aux accents québécois ni au misérabilisme social pour pouvoir en supporter la vision. En effet, on aura droit aux dures conditions de travail des employés du textile dont la survie ne peut être que précaire, avec la concurrence internationale. Celle-ci va même jusqu'à leur usine avec l'immigration colombienne, d'autres pauvres travailleurs qui deviennent des complices du système.
Arcand se sert de ce tournage pour régler ses comptes. En effet, quelques années avant, son documentaire sur l'industrie textile (tiens donc!) avait été censuré par l'ONF (office national du film). Ce ne fut qu'après Gina que la version intégrale put enfin sortir après un long bras de fer. Arcand montre la collusion entre le patronat, la police et les autorités du cinéma. Mais il prend heureusement un certain second degré puisque après l'interdiction de continuer ce tournage, on voit dans la scène finale les membres de l'équipe tourner un film commercial avec des vedettes. (Etait-ce déjà une annonce de sa volonté de faire des films plus commerciaux désormais comme avec des bobos qui ne font que parler de cul pendant 1h30?)

Je crains d'avoir déjà à ce point là perdu les amateurs de Rape & Revenge qui auront trouvé cette page grâce à google, mais bon j'ai un peu de temps à perdre.
Donc dans ce trou perdu, la seule "distraction" est le spectacle de la stripteaseuse Gina (la belle Céline Lomez). Cette froide beauté attire tous les fantasmes de la ville jusqu'à ce qu'une bande de motards des neiges (je rappelle que ça se passe au Canada en plein hiver) pénètre dans sa chambre pour la violer.
Si vous voulez voir le striptease passez les 50 première minutes, et pour le viol (avec full frontal nudity) attendez une douzaine de minutes en plus.
Enfin vers un quart d'heure de la fin les loubards chargés de la protection de la belle vont attaquer les violeurs dans une scène spectaculaire (surtout après toute la partie documentaire) qui dégénère dans un geyser de sang!
On peut voir dans cette histoire l'aliénation des travailleurs par des loisirs dégradants.

Un film donc étrange : trop "de genre" pour être acclamé par les auteuristes et très moyennement spectaculaire avec la charge sociale pour satisfaire vraiment les bisseux. Mais en s'y accrochant, on peut lui trouver des qualités à tous les niveaux (mis à part le montage paresseux alors que le film aurait gagné à avoir un quart d'heure de moins à mon avis).
Jibest

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6

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