Girl : Le combat d’une femme

Girl, c’est avant tout une femme qui a été assignée en tant que garçons à la naissance. C’est également un combat, dans le but de réaliser ses rêves et en l’occurence : La danse classique lorsqu’on est née dans le mauvais corps.

Ce fut comme une évidence pour le Belge Lukas Dhont de réaliser comme premier film Girl. En effet, dès le début de sa carrière en 2009, il rencontre une jeune fille qui sera sa source d’inspiration pour le chef d’oeuvre très remarqué, et qui de manière bien méritée a déchaîné le public du festival de Cannes, et repart avec le prix du Meilleur Acteur (Victor Polster), la Caméra d’Or ainsi que la Queer Palm Cannes. Un premier rôle au cinéma pour Victor Polster, un jeune danseur classique, il interprète à merveille le rôle de Lara. Lukas a choisis un acteur danseur au détriment d’une femme transgenre, c’est un choix à double tranchant puisque ces deux sujets sont les principaux du film. Nous remarquons donc le talent de Victor mais un certain regret que le rôle n’est pas été attribué à une personne concernée par la transidentité. Cela aurait été plus en accord avec le propos du film, et aurait servi de démocratisation, d’un sujet encore très peu connu du grand public…

« Ce qui m’intéresse, c’est montrer des personnes qui ne sont pas dans les normes du masculin et du féminin »

Lukas Dhont
Commencer sa carrière de réalisateur avec un sujet aussi lourd que la transidentité relève de l’exploit. Nous avions déjà vu et apprécié Tomboy (Céline Sciamma), c’est aujourd’hui « sa grande soeur » qui nous touche, au point d'être bouleversés par une souffrance si palpable. Nous sommes rapprochés au plus proche de chaque moments forts dont Lara est la principale intéressée. En effet, de nombreux zooms sur le personnage de Lara sont réalisés : plans épaules, plans rapprochés poitrine et gros plans sur son visage. Ce travail d’image réalisé par Frank Van Den Eeden, un chef opérateur que nous avions déjà découvert dans Le Verdict (Jan Verheyan), revient avec une manière plus proche d’aborder un sujet sensible et peu connu, de faire ressentir chaque émotions de Lara (Victor Polster), aux spectateurs.

Toute fois, certains plans sont à mon gout, maladroits. En particulier le moment du nouvel an, où Lara joue la parfaite femme de l’ancien temps : elle fait la cuisine, sert le vin à table et couche son petit frère tandis que son père fait tranquillement la fête… Certes, nous comprenons le souhait du réalisateur d’insister qu’elle est bien une femme, mais cela en devient très exagéré. L’image est très souvent cadrée de sorte à voir le corps inconfortable de Lara, elle devient alors, un objet féminisé.
Dans un autre cas, au contraire le décalage entre ce que vois le spectateur et ce dont il se doute, est parfaitement maitrisé. Lors de la scène où les camarades de Lara lui demandent de voir ce qu’elle a « entre les jambes » Tout est suggéré et c’est cela qui donne une image réaliste du film.

Le rythme de vie de Lara comme celui du film, est partagé entre les cours de danse classique, les discussions dans la cuisine ou dans la voiture avec son père (Arieh Worthalter), les consultations chez différents médecins spécialisés… Ces différents moments répétitifs du film, sont d’une part composés d’une lumière chaude, orangée. A l’inverse, d’autre part composés de lumière froide telle que le bleu et le gris. C’est donc de manière répétitive et monotone qu’elle progresse dans sa transition de genre, mais qu’elle chute également…

Girl a jusqu’ici beaucoup fait parlé de lui (et d’elle aussi) comme un chef d’oeuvre. Mais également comme une manière excessive de montrer au grand public, les difficultés que rencontrent les personnes transgenres dans un pays francophone. Des avis partagés, nous retiendrons les bons comme les mauvais cotés. Il reste cependant à conseiller pour un public averti.