Une jeune transexuel rêve de devenir danseuse étoile.Par son extrême jeunesse (15 ans) et sa beauté angélique, le jeu de Victor Polster touche véritablement le spectateur. Le choix fait par le metteur en scène que sa famille monoparentale le soutienne sans faille est plutôt bien vu. Cela sort des clichés habituels. Le père de notre héroïne se conduit en véritable ange gardien. Ici, c'est cette prison d’un corps subi, violemment combattu et dont la métamorphose semble toujours différée qui nous intéresse. Mais, des questions importantes restent inabordées et c'est dommage. Qu’en est-il de la mère par exemple? Notre héroïne tente de faire bonne figure, en famille comme à l’extérieur. Pourtant, par ses silences, elle demeure mystérieuse. Le jeune metteur en scène n'a pas assez insisté à mon avis dans ce sens. La douceur lumineuse du jeune danseur Victor Polster s'avère très juste dans son personnage. Couronnée notamment par la Caméra d’or à Cannes cette année, le film insiste sur cette souffrance indicible. Malgré quelques scènes répétitives, nous assistons ici à une étude sur cette période de confusion ,l'adolescence .C'est aussi un beau film sur la danse, cet art où la question de l'identité entre filles et garçons recèle une part d'ambiguïté.Mais on voit surtout une personne qui souffre alors que l'entourage est aimant comme le père et le frère. Si le personnage de Lara reste bien intégrée à son école dont l'identité ne pose pas de problème, elle lutte quotidiennement à la fois avec son futur corps qui tarde à venir et dans cet exercice de la danse qui impose une discipline de fer permanente. C'est là où je trouve le choix de l'héroïne peut-être trop ambitieux et source évidente de problèmes. Avec tous ces difficultés liées au transgenre, elle aurait cherché à étudier dans une autre filière plus classique et ses problèmes auraient été peut-être moins intenses. Lukas Dhont montre bien cette tension que l'héroïne retrouve pas tant dans le regard des autres que dans celui que la jeune fille porte sur elle-même. On partage tout ce qu’elle vit parce qu’au fond c'est notre lot à tous d'avoir été adolescent, de voir notre environnement évoluer, de subir un corps qui change, de rejeter une famille qu’on adore et de chercher à se trouver tout en grandissant. Le recours à la danse tout le long du film comme moyen de représentation du rapport au corps est un peu trop redondant . On a vite compris qu'avec cette danse classique, c'est un combat quotidien que vit Lara, surtout lorsque l’on est né dans le mauvais corps comme elle, dont le but est de réaliser ses rêves.
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