Une plongée plutôt angoissante dans le quotidien d'une jeune danseuse classique née garçon et très, très désireuse d'avoir enfin recours à la chirurgie qui la délivrera de son corps masculin. Deux univers qui se télescopent et dont on ne sait pas lequel est la source des plus grands stress. Depuis Noureev et Black Swan, je fais des cauchemars sur les blessures aux pieds des danseurs, ces êtres profondément masochistes qui subordonnent leur organisme aux rigueurs d'une discipline impitoyable. Ça aurait suffi à me faire baigner dans une cuvette de sueur, mais s'il faut ajouter à cela l'adolescence et la crise d'identité sexuelle, le malaise promettait d'être total. Pari gagné, donc, pour ce film très attachant, malgré tout, notamment grâce à la performance de ses deux acteurs principaux, l'ado et son père, tous deux absolument parfaits. Bien des fois, l'ado au visage impénétrable et au sourire de madone semble frôler la folie, sans qu'on sache bien si ça reste dans les débordements acceptables de son âge. Et le père, attentif, inquiet et ouvert, rôde autour de son enfant sans vouloir l'étouffer, créant à la fois un cocon protecteur et une pression insupportable. Bref, la situation est exposée dans toute sa subtilité. Y compris dans ce que l'adolescence peut avoir de parfaitement inhumain, quand les autres danseuses se mettent inexplicablement à s'acharner sur l'héroïne, pendant une soirée filles, avec la cruauté d'enfants qui martyrisent un petit animal. Là encore, je gigotais sur mon canapé. Tout ça nous emmène tranquillement vers un finale ahurissant dont je ne dirai rien mais qui rend ce film intense inoubliable. Chapeau bas.