Je sais que je ne suis pas péplum. Cependant, certains événements poussent au visionnage d'un film purement bourrin, histoire de laisser un peu s'exprimer notre agressivité naturelle sans faire quelque chose d’immorale. Dans ces jours là, sans patience et avec désir d'être hostile, je me dis que quitte à regarder un métrage pas spécialement bon, autant regarder un classique, comme ça, au moins, je n'aurai pas perdu du temps pour rien. Mais Gladiator dure quand même plus de deux heures et demie... mais, il pèse quand même énormément dans la catégorie "immanquable", au point que j'ai même cru pouvoir l'aimer au point de mettre plus que 06/10. Ça n'a malheureusement pas été le cas mais j'ai quand même apprécié plusieurs éléments.



Des glaives et du sang



Pour commencer, je dois dire que le film comporte pas mal de qualités. Et, sa qualité majeure reste ses scènes d'action toujours aussi resplendissantes, même 18 ans après son année de production. Gladiator commence avec une scène de bataille époustouflante au point qu'elle aurait pu ruiner le studio si le film n'avait pas fait un carton. Les romains sont des centaines, dans une plaine de Germanie, face à quelques barbares barbus, énervés et crados. Le film s'annonce d’emblée épique : les chevaux et les hommes se ruent les uns sur les autres, des membres sont envoyés valser et les armes de nos soldats sont filmées de près en train de trancher la chair des ancêtres des allemands. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser au long-métrage 300, de six ans plus récent. Et j'ai ri ! Ridley Scott - plutôt friand et bon utilisateur des effets spéciaux - a réussi à faire un film qui ne viellera sans doute pas à l'aube du XXI° siècle, tandis que Zack Snyder (oui celui qui ne bosse plus que pour DC) n'a su faire que des scènes ridicules et prévisibles. Ridley, lui, a bien compris que l'atout du film serait ses batailles et il n'a pas chaumé pour nous les mettre en scène. Elles seront d'ailleurs nombreuses et différentes durant toute la durée de l'œuvre. Au sein du Colisée, les batailles sont pleines de sable et encore plus violentes que les guerres car injustifiées. Les tigres s'y mêlent même aux hommes. Et, le public enflammé par l’excitation rend ces passages plus puissants. Le sang est très présent. Cependant, le réalisateur ne tombe pas dans le piège de montrer des images gores. La violence est montrée autrement, avec donc plus de classe, et, finalement de justesse.
Evidemment, Hans Zimmer n'est pas là pour rien. Il fait même une grande partie du travail de mise en scène des passages d'action. Sans sa musique héroïque et discrète, certaines parties auraient manqué de force. Je ne cache pas, par contre, que quelques titres sont en trop... ou du moins trop présents à l'oreille lorsqu'il n'était pas nécessaire de noyer le spectateur de petites notes musicales.



Un Espagnol enragé contre un Loki né à Rome



Lorsque l'on passe l'atout majeur du film - celui pour lequel ce dernier a une renommé internationale - on se retrouve face à des personnages construits et intéressants joués par des acteurs talentueux (de moins en moins utilisés au profit de jeunes hommes musclés et soit disant beaux gosses). J'avoue que j'ai eu du mal, au début, à m'adapter à Russell Crowe en soldat bourrin. Pourquoi ? Son rôle de John Forbes Nash Jr. lui colle plus à la peau selon moi... et ça n'a strictement rien à voir avec celui qu'il joue dans Gladiator. Sauf que voilà, cet homme montre tout l’étendu de son talent avec ce film et Un Homme d'Exception. Il joue deux personnages totalement différents l'un de l'autre. Sauf qu'il le fait sans un seul bémol, et cela en est presque effrayant. Nombre d'acteurs ne sont pas capable de se détacher de leur rôle de prédilection. Je peux en nommer un autre qui a cette capacité : Joaquin Phoenix, lui aussi dans Gladiator. J'ai vu assez peu d'œuvres dans lesquelles ce dernier joue, cependant, depuis que j'ai vu Mary Magdalene je suis charmée par son jeu d'acteur absolument parfait. Dans la pellicule de Ridley Scott, cet homme joue un salaud, avide de pouvoir, ambitieux et un peu incestueux sur les bords... mais il est aussi capable de jouer Jésus, je pense que je n'ai pas besoin de développer.
Les personnages, représentés par de bons acteurs, sont, comme je le dis plus haut, construits. On arrive même à tous les reconnaître, on s'attache à certains, d'autres nous dégoûtent mais nous font pitié etc. Mais tous, je dis bien tous, ont un caractère défini, une histoire personnelle et une fin écrite. Evidemment, les personnages les plus travaillés sont Maximus, Commode et Lucilla. Mais, Marc Aurèle, Juba et Cicéron ne sont pas oubliés.



Absurde péplumien habituel



Pourquoi alors ne mettrais-je pas une meilleure note ? Je suis désolée de décevoir mais, Gladiator (comme tous les autres films d'ailleurs) n'est pas parfait. Un aspect du péplum assez déplaisant est présent durant tout le film : le ridicule ! Je ne sais pas pourquoi, mais nombre de péplums ont des passages ridicules. Gladiator n'y loupe pas. Et son principal point faible sont ses dialogues. Les acteurs n'y sont cependant pour rien. La cause majeure est son écriture un peu trop abusée, qui pousse au sourire. Un seul dialogue est vraiment bon : celui entre Commode et sa sœur à propos des traîtres.
Certains passages silencieux sont aussi très stupides. Souvent, ils essaient de rendre plus humain un personnage avec des aspects plus "mignon" de sa personnalité. Par exemple, Maximus est présenté comme étant sensible lorsqu'il est absolument ravi de voir un petit rouge-gorge voleter près de lui. Le personnages aurait très bien pu être suffisamment construit avec son seul but de venger sa famille et Marc Aurèle, pas besoin de rajouter ce genre de petites choses.


Et cette fin qui se veut tristounette ne fonctionne décidément pas. Niveau scénario, c'est très bien, niveau émotion peut mieux faire.


Autre chose ! C'est long ! Beaucoup trop long. Deux heures et demie, même d'action c'est long. Peu de films qui dépassent les deux heures de durée arrivent à être intéressant jusqu'au bout. Mais il arrive qu'on les pardonne pour le reste. Gladiator a trop de moments creux pour qu'il soit pardonné.


En fait, Gladiator est une œuvre travaillée dans ses scènes de batailles et avec ses personnages joués par des acteurs talentueux. Cependant, il ne mérite peut-être pas une moyenne si élevée à cause de ses deux défauts majeurs : sa longueur et son ridicule.

LapinouBleu
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le 22 mai 2018

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