Gladiator par Christine Deschamps

Vingt ans après la découverte du film en salle, je viens d'en voir la version longue sur une chaîne cinéma. Je m'attendais à trouver ce péplum vieilli et un peu boursoufflé. En fait, c'est la boursoufflure qui l'emporte, mais l'histoire en elle-même traverse les décennies comme les tragédies classiques le font, sans prendre une ride. Le pot de terre n'a pas de mal à se faire des amis, du moment que le pot de fer est suffisamment consistant pour lui offrir une adversité flatteuse. Il n'a plus qu'à faire montre de qualités morales inaltérables, qui contrastent avec la mégalomanie et la psychopathie du puissant en face, et le tour est joué. Fi de la vraisemblance historique ou de l'exactitude dans la reconstitution : le méchant finit par morfler, on gagne à tous les coups, et tant pis si quelques ralentis d'un goût douteux viennent un peu ternir la qualité de l'exécution. Les décors grandioses, les costumes ajustés, les lumières de rêve enveloppent le colis dans un écrin irréprochable, qui évite de trop garder en tête les menues critiques qui font mine d'affleurer. Un chouette divertissement, donc, un peu boursoufflé visuellement dans le même temps que sans prétentions métaphysiques... Les acteurs y sont gâtés par une mise en scène qui capitalise sur leur beauté, en outre, et la musique se hisse au niveau de certaines compositions inoubliables. Pourquoi bouder son plaisir, alors ?