Attention : le commentaire qui va suivre contient des informations révélant certaines surprises quant au dernier film de M. Night Shyamalan. Nous vous conseillons de prime abord de découvrir Glass dans une salle obscure pour mieux revenir au texte ci-dessous dans un second temps, et si possible de compléter la projection d'un revisionnage de Incassable et de Split ( les deux films constituant une importante matière première au scénario de Glass ). Bonne lecture !


Glass sonne le grand retour inespéré de M. Night Shyamalan, perdu depuis quelques films dans un cinéma qui semblait de plus en plus vain, et de moins en moins inspiré. Près de 20 ans après son chef d'oeuvre Unbreakable et seulement deux ans après le très médiocre Split le réalisateur de Philadelphie revient avec une suite étonnante des deux films précités, développant les théories passionnantes du premier et poursuivant l'apport récréatif du second... en résulte une synthèse filmique à l'argument pour le moins inattendu et intelligemment ancré dans le contexte socio-culturel de notre époque : ou comment le monde contemporain, mêlé de dignitaires complotistes et de microcosmes occultes, cherche à enterrer les aptitudes du commun des mortels au nom de la Science, créant par là même son quota de marginaux et d'êtres apparemment inadaptés à sa marche écrasante.


Shyamalan reprend donc les personnages de David Dunn, de Elijah Price et de la Bête pour un film postmoderne d'une ampleur suffisamment surprenante pour être saluée en bonne et due forme. Trois personnages archétypaux aux motivations guère différentes de celles qu'ils généraient dans les deux films antérieurs : un agent de sécurité inébranlable et bienveillant, au pouvoir purement physique ; un terroriste structurellement impotent à l'esprit machiavélique, tour à tour maussade et illuminé ; enfin un serial-killer aux personnalités multiples et à la force surhumaine, vrai-faux méchant d'un film réinventant les mythologies des comics et du film de super-héros.


Dans Glass la réalisation de Shyamalan reprend considérablement de sa superbe, superbe ayant été plus ou moins perdue depuis le mauvais Phénomènes. On retrouve certaines astuces et certains codes de mise en scène déjà exploités dans Unbreakable, idée confirmée par la reprise partielle des compositions de James Newton Howard. Le fait de principalement situer l'action dans un hôpital psychiatrique fait pertinemment corps avec le propos, tant nos trois protagonistes semblent encore et toujours en pleine crise identitaire, et ce malgré les théories de Elijah Price sur sa volonté utopique de littéralement "créer des super-héros".


La dernière demi-heure surprend avec panache, déjà pour son retournement de situation particulièrement imprévisible mais aussi pour son unhappy-end mâtiné d'espoir. Elijah, David, Kevin... autant de martyrs des temps modernes voués à la plus totale des abnégations, qu'elle soit volontaire ou non. Glass est un film fascinant et d'une belle envergure, surprenante jusque dans son magnifique générique de fin. Le meilleur film de M. Night Shyamalan depuis La Jeune Fille de l'eau.

stebbins
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le 16 janv. 2019

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