On avait décidé de passer notre chemin, après l’expérience collective assez désastreuse du volet précédent. Mais un des cinéphiles en moi, l’optimiste a tout de même entraîné les autres ; comme d’habitude. Et il s’est bien fait engueuler, comme d’habitude.


Le flemmard : « C’est bien ce que je craignais, le gars espérait qu’on revoie Incassable pour réviser. Résultat, j’ai pas tout compris. Pourquoi le légume il sort des pièces fermées ? »


L’encyclopédiste : « le raccrochage à un ancien film n’apporte en effet pas grand-chose, si ce n’est un petit shoot de nostalgie pour les anciens ados qui n’en sont plus. »


Le cynique : « le mec est fort, tout de même, parce qu’il arrive à faire table rase du passé en massacrant tout le monde tout en annonçant une potentielle suite face à une organisation de méchants qui voudraient équilibrer un monde en l’épurant de ses potentiels super-héros. »


Le blasé : « Tu as oublié de mentionner qu’on se fout à peu près totalement des personnages, qui se contentent d’une figuration déguisée : des gants de cuir, un imper vert, deux trois flash-back et on essaie de nous faire croire que le tour est joué. »


Le prof de lettres : « Glass est un film discursif, où l’on passe son temps à deviser sur son statut de personne ou de héros. Le réalisateur a beau multiplier les angles de vues (à l’envers, en reflets, en plans-séquence), rien ne le fait quitter cette ornière sèche et stérile de la théorie. L’aspect méta devient vraiment embarrassant à mesure que s’embourbe un récit voué à l’impasse.»


L’adolescent : « Trois pauvres cheerleaders, une meuf en come-back sortie des pages tests psycho de Jeune & Jolie, une promesse de combat de titans sur un immeuble prêt à exploser qui tombe à l’eau, c’est-à-dire dans une flaque, un mec torse nu qui pousse des cris, un twist en sopalin (mouahahah j’ai aussi tué ton père dans ce train bien pratique qui me permet à loisir d’ajouter des victimes à volonté…) Glass est un film en fauteuil-roulant. »


Le bienveillant : « Tu oublies la performance de James McAvoy, quand-même ».


Le malveillant : « Ah ouais, t’as raison. Viens, mets-toi devant cet interrupteur. Chaque fois qu’on allume la lumière, dis ton nouveau nom et prend un accent différent. En gros, c’est une audition pour le cours de théâtre de la MJC de Maubeuge. »


L’analyste : « Et si tout cela était voulu ? ces héros bloqués dans un HP, face à une psychologue dont la mission consiste à les convaincre de leur normalité, n’est-ce pas une réflexion sur le statut précaire de ces franchises à succès, alors que le prochain Avengers se nomme opportunément End Game ? »


Le lucide : « C’est surtout une mise en abyme de la place de Shyamalan, qui cherche à tout prix, comme Glass, à faire croire à son univers. La mission suicide qui consiste à filmer pour le monde entier un pauvre combat où un mec galope comme un singe pendant que l’autre tord une barre de fer a tout de la confession honteuse. »

Sergent_Pepper
4
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Poussif, Vu en 2019 et flop 2019

Créée

le 11 avr. 2019

Critique lue 4.4K fois

99 j'aime

6 commentaires

Sergent_Pepper

Écrit par

Critique lue 4.4K fois

99
6

D'autres avis sur Glass

Glass
Sergent_Pepper
4

On a tous persisté

On avait décidé de passer notre chemin, après l’expérience collective assez désastreuse du volet précédent. Mais un des cinéphiles en moi, l’optimiste a tout de même entraîné les autres ; comme...

le 11 avr. 2019

99 j'aime

6

Glass
EricDebarnot
8

The house that M. Night lost

Il y a clairement deux manières de regarder "Glass", et le plaisir qu'on en tirera variera du tout au tout. La première est en passionné de culture de super-héros et de blockbusters parfaitement...

le 19 janv. 2019

72 j'aime

13

Glass
MatthieuS
8

Un Night bien plus lumineux

A surprise to be sure, but a welcome one. Cette réplique devenue un meme sur Internet et notamment sur Reddit de l’Empereur Palpatine lors de l’épisode I de Star Wars colle à merveille avec...

le 17 janv. 2019

67 j'aime

6

Du même critique

Lucy
Sergent_Pepper
1

Les arcanes du blockbuster, chapitre 12.

Cantine d’EuropaCorp, dans la file le long du buffet à volonté. Et donc, il prend sa bagnole, se venge et les descend tous. - D’accord, Luc. Je lance la production. On a de toute façon l’accord...

le 6 déc. 2014

765 j'aime

104

Once Upon a Time... in Hollywood
Sergent_Pepper
9

To leave and try in L.A.

Il y a là un savoureux paradoxe : le film le plus attendu de l’année, pierre angulaire de la production 2019 et climax du dernier Festival de Cannes, est un chant nostalgique d’une singulière...

le 14 août 2019

700 j'aime

50

Her
Sergent_Pepper
8

Vestiges de l’amour

La lumière qui baigne la majorité des plans de Her est rassurante. Les intérieurs sont clairs, les dégagements spacieux. Les écrans vastes et discrets, intégrés dans un mobilier pastel. Plus de...

le 30 mars 2014

615 j'aime

53