Encore une preuve du réchauffement climatique, glass fond sous la chaleur

Il y a incontestablement de bonnes choses dans Glass, ne serait-ce que par la persévérance de son réalisateur et sa capacité à créer sa propre mythologie, avec son panthéon de supers héros cabossés.


Split avait su plaire et susciter l’envie d’en savoir plus, d’assister à la confrontation entre les trois anti-héros qu’on avait vu sortir de l’ombre l’espace de deux films.
Glass est le seul film de la trilogie qu’on attaque en connaissance de cause, et c’est peut-être pour ça qu’il nous déçoit, parce qu’on attend d’y trouver quelque chose sans parvenir à déterminer de quoi il s’agit.
On voudrait les palpitations d’une révélation qui ne vient pas, même si on a l’impression qu’il y a un petit quelque chose, comme une sorte de sursaut pendant lequel le film essaie de nous faire croire que tout est possible.


Au lieu du grand frisson, on se retrouve avec 3 hommes enfermés, apathiques, et un rythme qui peine à séduire.
Dès le départ, on a comme une dissonance entre la musique qui veut installer le suspens et des images qui ne le créent pas, ou mal.
Pourtant on est content de revoir Bruce Willis, de découvrir que son fils est le même acteur que pour incassable, d’avoir très vite le fameux M.night caméo, on est prêt à profiter.
Mais assez vite il faut se rendre à l’évidence: le soufflé retombe.
L’ami qu’on était content de revoir n’a pas grand chose à nous raconter, et en fait trop sur les quelques moments qu’on lui laisse: à l’image du caméo qui traine en longueur et se noie dans des explications superflues, le scénario laisse trop entendre que “attention vous allez voir ce que vous allez voir”.
Et ce qu’on voit pendant presque tout le film, c’est une répétition du même jeu entre la psy qui joue sa Dana Scully (mais en moins bien), Bruce willis qui joue son Bruce énervé, Samuel L Jackson l’homme absent, et James Mc Avoy ses rôles multiples.
Les personnages vont-ils nous montrer une nouvelle facette de leur personnalité? Non, on reste sur ce qu’on connaît, on a même la désagréable impression que certaines choses sont faites uniquement pour nous donner ce qu’on a aimé chez eux précédemment.


Au delà du plaisir de replonger dans l’univers et de revoir les acteurs dans des rôles pour lesquels on les a aimés, il n’y a malheureusement pas beaucoup de motifs de satisfaction.
Et puis il y a le parallèle entre ceux qui sont enfermés malgré leurs supers habilités, et ceux qui sont de l’autre côté sans autre pouvoir que l’espérance, et là l’équilibre du 1 héros = 1 partenaire aurait pu être nettement mieux traité, de manière moins mécanique. On n’est pas en campagne électorale, pas besoin de minuter le temps d’antenne de chacun!
Mieux, on aurait préféré suivre davantage les à-côté, et on aurait été surpris de découvrir qu’en croyant venir pour des supers héros on se retrouve avec un film de seconds couteaux.
L’exploitation des 3 outsiders est mal faite et c’est bien dommage parce qu’ils ont l’air sympathiques.


C’est là toute la perversité de glass: avoir déçu tout en donnant envie d’en savoir plus sur ceux qui sont restés sur le côté, et du coup on se dit que forcément s’il y avait une suite, on irait probablement en oubliant le nombre de fois où on a pesté contre les facilités et les choix discutables de glass.
Parce qu’au fond on a de la sympathie pour Shyamalan et ce qu’il a déjà pu nous faire vivre par le passé.

iori
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le 21 mai 2019

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