Les portraits de femme, le cinéaste chilien Sebastian Lelio sait comment les façonner et il y excelle, de Désobéissance à Une femme fantastique, en passant par Gloria, petite pépite dont le souvenir reste gravé pour ceux qui l'ont découvert en 2014. 5 ans plus tard, en voici déjà le remake, fruit d'une volonté commune de son réalisateur et de Julianne Moore, avec bien entendu l'idée de toucher un plus large public, via la nationalité américaine de cette nouvelle version. Laquelle reprend peu ou prou les éléments principaux de l'intrigue initiale avec la même empathie et bienveillance du metteur en scène pour cette quinquagénaire qui s'étourdit en dansant et mène sa vie en toute indépendance. Confrontée à une relation amoureuse toxique, s'en sortira t-elle indemne ? Ce qui frappe dans Gloria Bell, comme dans la plupart des longs-métrages de Lelio, c'est l'élégance de sa mise en scène, sa grâce même, et sa capacité à épurer les scènes de toutes scories, quitte à passer par des ellipses temporelles. Les dialogues du film sont le plus souvent anodins, volontairement, les paroles n'étant que de peu d'importance par rapport aux actes qui définissent bien mieux l'essence d'un être. Cette femme fantastique, d'une splendide "banalité", est magnifiée par la caméra de Lelio, c'est Julianne Moore qui l'incarne, dans la magnificence de ses 58 ans, solaire et libre, avec la même vivacité d'adolescente que l'on trouvait dans le Gloria originel. Chatoyant portrait de femme, cette fois encore, moins nuancée peut-être que le personnage incarné par Paulina Garcia, à l'époque. Une "américanisation" certaine de son caractère qui n'a que peu de conséquences sur l'affection que l'on porte d'emblée à Gloria Bell (you can ring my ...).