Après l'échec de son Paradise Lost, projet devant adapté un récit biblique épique autour de la chute de Lucifer, Alex Proyas s'est retrouvé par défaut sur le projet de Gods of Egypt. Ramenant quelques idées de son projet inabouti ainsi que de nouvelles pour aboutir à une sorte de péplum fantastique totalement dingue, aux ambitions folles et au budget imposant. Le tout à de quoi intriguer, surtout qu'au vu des différentes bandes annonces et images, on a plus l'air de voir un foutoir XXL tirant sur le nanar plutôt que le film épique et révolutionnaire qu'il semble vouloir être. Mais ce qui nous attire surtout c'est que c'est un film de Proyas, réalisateur talentueux à l'imagerie forte qui à offert deux films cultes du néo-noir, le réussi The Crow et le visionnaire Dark City. Après cela, il a quelque peu perdu de sa superbe pour plonger dans le divertissement sans envergure avec I, Robot ou encore dans le film catastrophe boursouflé d'incohérences et assez générique avec Knowing. Son retour après 7 ans d’absences est donc autant attendu que craint car même si il semble renoué avec de grandes ambitions d'un cinéma avant-gardiste, il semble surtout s'être laissé submerger par un projet beaucoup trop fou pour être autre chose qu'un n'importe nawak généralisé.


Même si c'est l'aspect visuel totalement foutraque qui retiendra l'attention pour souligner ce joyeux bordel, l'échec du film passe avant tout par son scénario. Non seulement l'intrigue est extrêmement prévisible avec son lot de clichés vieux comme le monde et ses personnages caricaturaux, stupides et génériques mais en plus le tout n'est pas lié correctement. Le tout mélange pleins d'influences, d'écrits et autre que l'Egypte et sa mythologie n'est pas du tout respectée mais en plus le récit accumule les incohérences et les facilités. Notamment dans sa façon très aléatoire d’enchaîner les situations. Il ne lie pas ses scènes entre elles, passant d'un événement à un autre sans lien logique et étant bien trop flou dans sa forme elliptique. Cela rend soit les personnages encore plus stupides qu'ils ne le sont, soit des passages totalement inutiles qui voient les personnages allant dans des endroits et menant des actions qui ne servent pas le récit mais qui sont justes là pour amener maladroitement de l'action. On passera sur toute les séquences dans l'espace qui sont de formidables blagues, n'étant là que pour enchaîner les deus ex machina de la manière la plus fainéante possible, ou les romances mièvres qui alourdissent l'ensemble sans parler des tentatives d'humour affligeantes qui prennent le spectateur pour un parfait imbécile. La palme dans le genre revient au personnage de l'érudit, qui traduit bien la notion d'intelligence du film. Et globalement le film démarre n'importe comment pour aller nulle part et n'est qu'un vide abyssal.
Le niveau n'est pas relevé par un casting fade qui est totalement à côté de la plaque malgré des acteurs qui loin d'être mauvais à leurs habitude. Même si Gerard Butler est clairement devenu la caricature de lui-même dans sa composition bourrine et over the top mais il est le seul à vraiment donner un plus value à l'impression de nanar ambiant. Il est donc mauvais mais il parvient au moins à nous amuser. Alors que Nikolaj Coster-Waldau, Brenton Thwaites et Élodie Yung se prennent bien trop au sérieux dans leurs rôles de gentils qu'ils ennuient et paraissent bien plus ridicule que le cabotinage de certains. Car la majorité du casting en fait trop, et ça donne souvent des moments savoureux comme Rufus Sewell qui est dans l'exagération la plus totale pour notre plus grand plaisir. Mais la palme revient à Geoffrey Rush qui est d'un sérieux inébranlable au sein d'un des rôles les plus what th fuckesque de l'histoire du cinéma. Son sérieux couplé au ridicule de son personnage offre des moments magiques qui confine à l'hilarité la plus totale. Alors quand on le voit apparaître dans un moment supposé tragique et que l'on pouffe de rire, on se dit bien que l'on assiste à un des plus gros nanar de ses 15 dernières années.
Et tout ça est embellie par une réalisation kitsch à la direction artistique hideuse et aux effets spéciaux envahissant et affligeant. Mais néanmoins une magie sort de cette catastrophe visuelle qu'est Gods of Egypt, celle de pouvoir assister à des moments aussi grandiose que voir un Geoffrey Rush auréolé de CGI laid, lancé des éclairs contre une ver géant avec sa lance et tout ça dans l'espace. L'amateur de nanar ne se remettra probablement jamais d'un moment aussi culte. La mise en scène de Alex Proyas en fait aussi beaucoup trop dans ses effets, allant des ralentis mal gérés et trop nombreux, des travellings numériques aériens, les plans circulaires autour des combats et etc. Tout est dans la démesure incontrôlé mais tout arrive à garder une lisibilité admirable malgré le bordel présent à l'écran. Sans pour autant être chorégraphié, les combats sont savamment découpés pour maintenir un minimum d'intérêt. En ça on retiendra le passage avec les serpents. Même si il est narrativement inconséquent, il propose de bonnes idées de mises en scène et offre un spectacle étrangement efficace. Proyas arrive aussi à soigner certaines de ses transitions pour faire une mise en scène plus posée et théâtrale qui à défaut d'être pleinement tenue parvient à convaincre quand il se fait plus calme.


En conclusion Gods of Egypt est un très mauvais film mais qui peut s'avérer être un formidable nanar pour tout les amoureux du genre. Néanmoins il ne faut pas se leurrer, l'écriture est lamentable ne parvenant ni à offrir des personnages digne d’intérêt ni un trame simple dénuée d'incohérences. Le casting arrive parfois à amuser par ses exubérances mais est totalement mauvais et à côté de la plaque tandis que la réalisation manque de goût à défaut de manquer d'ambitions. Car oui le film est ambitieux, on ne peut pas lui enlever ça. Mais malgré quelques moments efficaces par leurs lisibilités ou alors par leurs ridicules le plus absolu, la mise en scène est bien trop démesurée dans ses effets pour être digeste. Au final, il ne pouvait pas en être autrement. Le projet en lui-même était bien trop perché pour aboutir à autre chose qu'à ça, et malgré l'échec retentissant on ne peut que rester admiratif dans la capacité que certains ont eu de croire en lui pour parvenir à lui faire voir le jour.

Frédéric_Perrinot
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le 8 avr. 2016

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