Godzilla est une allumeuse

Godzilla est magnifique.

Attention, ne vous méprenez pas : je parle de la créature, du monstre, pas du film !

Si il est vrai que sur le plan visuel le film marque son attachement aux 1ers films japonais "Godzilla", en ajoutant une forte tendance à l'esthétisation par les effets de fumées et autres nuées brumeuses (le redondance est ici volontaire), sur le plan de l'action "Godzillienne" (si, si, le terme existe...), je ressors de la projection de ce film déçu.

// SPOILERS //


Nous sommes dans une configuration "World War Z-ienne" avec un personnage dont les déplacements s'avèrent d'une déconcertante convenance puisque le personnage de Doug joué par Aaron Taylor-Johnson ira d'un point A à un point B simplement car il s'avèrera être "au bon endroit, au bon moment".
Un anti- John Mc Clane en somme, mais soit.

Admettons....
(Nota : "Vivement la prochaine catastrophe mondiale, j'ai jamais été en Espagne...")
Et après tout, son voyage du Japon jusqu'à San Francisco en passant par Hawaï se justifie par l'histoire...
Si ce personnage reste au même endroit pendant 2h, l'histoire pourrait-elle s'avérer ennuyeuse ?
Pas nécessairement.
Mais admettons....

Qui plus est les humains du film sont intéressants.

Cranston et Binoche, aussi courts soient leurs rôles, servent l'intrigue et font vivre leurs rôles au-delà de leurs propres scènes et Ken Watanabe se paye les meilleurs punchlines du film, même si il s'exprime sur un ton exagérément dramatique et décompose péniblement chacune de ses phrases.
D'ailleurs pour lui, chacune de ses scènes semble être une prise de conscience...

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\\\\ Trucs et Astuces ////
Toi-aussi apprend à jouer comme Ken Watanabe !
Ses répliques se décomposent comme indiqué ci-dessous :
1- Regard intense perdu dans le vide,
2- Sourcils froncés,
3- On lève la tête au ralenti
4 - On dit une phrase à tendance "BADASS" tout en gardant le plus longtemps possible un air grave

"Let Them Fight !"

5- BONUS : Si vous combinez le "Lever de tête au ralenti" et la "phrase qui claque", vous êtes paré pour jouer pour J.J. Abrahams, Michael Bay, etc
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Les origines de Godzilla, les références aux anciennes saga, et le côté mythique de la créature sont intelligemment amenés.

Le MUTO ailé, sorte de version revue et corrigé de Mothra stylisé façon Starship Troopers s'ajoute à la galerie d'ennemis du Roi des Monstres (en comparaison, un Mecha-Godzilla aurait fait désordre) et il est bon de voir que l'on peut de nos jours se permettre de raconter de telles histoires au cinéma.

La SF et le Fantastique ont de belles années devant-eux.


Le point de vue à échelle humaine est impressionnant et rend hommage à la créature tant elle ressemble aux Godzilla d'antan : regard expressif et presque narquois (logique tant les branlés qu'il met sont monumentales), légèrement boudiné de la cuisse, un cri légendaire,...
Il est ce monstre mythique aux allures de vieux boxeur, prêt à en découdre quel que soit son état...
L'ultime prédateur.
Le sauveur naturel de Toky.... de San Francisco ?!!!

What The Fuck ?!
Putain d'américains, ils ont encore réussi à nous foutre une baston de monstres en territoire US.
On dira ce qu'on voudra de "Pacific Rim", et non pas que je le compare réellement à "Godzilla" 2014 mais Guillermo Del Toro a au moins le mérite d'avoir délocalisé l'action de son film sur le territoire nippon.


Mais admettons...

Ce qui me dérange ici, c'est plus que ce film s'appelle "GODZILLA".
Or le "Roi des Monstres" n'apparait EN ENTIER qu'une quinzaine de minutes à l'écran (et à mon avis je suis large !), est n'est visible que par bribes le reste du temps.

A croire qu'il y a dans ce film une volonté à se démarquer de "Pacific Rim" !
Une volonté outrancière.
Chaque apparition du monstre champion, devrait être précédée du message suivant :

"Attention hein, vous n'êtes pas venu voir un nouveau film sur des Kaiju...
(Le spectateur : "Heuu si...") !
On a pris le réal de "Monsters" donc nous vous prions de prendre en considération le côté drama/pychologique de cette histoire ...
(Le spectateur : "Heu, y'a Bryan Cranston, Juliette Binoche, Elizabeth Olsen donc t'inquiètes, ça nous a pas échappé),
Donc ne vous attendez pas à ce qu'on vous montre des combats titanesque chaque fois que l'histoire s'y rapporte. Merci."
(Le spectateur : "Heu.... WHAT ?!!!!")


Résultat : A chaque fois que Godzilla "intervient" (façon de parler...) le scénariste a cette idée "BRILLANTE" de... changer de scène.

Godzilla s'apprête à affronter MUTO pour la première fois, émerge des eaux pousse son cri et...Tiens si on allait voir ce qu'il se passe du côté de l'hôpital.
Mais FUCK !!!

Godzilla arrive à San Francisco pour mettre une rouste aux couple MUTO, la ville prend une grosse claque, la femme de Doug fuit, se retourne, voit Godzilla sur le point d'en découdre et... Une porte se ferme sur-elle.
RE-FUCK !!!

GODZILLA EST UNE ALLUMEUSE.

Frustrer le spectateur de manière perpétuelle est manifestement le jeu préféré de ces crétins qui préfèrent nous montrer des choses inintéressantes.
Car nous ne sommes peut-être pas chez Roland Emmerich mais nous avons tout le même droit à du cliché :

- L'armée veut résoudre un conflit dans une zone peuplée avec... une bombe nucléaire.
Original,... et d'autant plus débile que les monstres se nourrissent de radiations.
"Oui mais la déflagration les tuera !" Si tu le dis papy...

- Les autorités agissent de manière débile (Oui, bloquons le Golden Gate Bridge à mi-chemin afin que tout le monde se retrouve bloqué dessus, et tant mieux si un monstre déboule)

- Les militaires sont des quiches avec des armes : Attaquer un monstre de près de 150 mètres au fusil d'assaut est de toute évidence inutile, Tirer aux missiles à bout portant à côté d'un pont suspendu et être surpris de l'avoir touché...

- Un putain de chien attaché qui aboie puis s'enfuit face à un tsunami.
Il parait que si vous ne mettez pas au moins un chien dans un film avec une catastrophe naturelle, vous n'avez pas d'âme...


Bref ce film n'est pas un film, c'est le plus long Teaser du monde !
Pas étonnant que le combat de fin soit aussi prenant, on attend de voir notre colosse en action depuis plus d'une heure.
Et quand ça se produit enfin, c'est jubilatoire !


GODZILLA EST UNE ALLUMEUSE (au sens propre comme au figuré).


Je retiendrais surtout :

- Les scènes de Bryan Cranston.
- Le saut HALO : Chute libre et fumigènes dans un monde où le temps semble s'être arrêté.
La scène a d'ailleurs servi de teaser pour le film.
- Le combat final.
- L'après-combat et le nouveau statut de Godzilla : Jouissif !

Je retiendrais donc les 50 premières minutes et les 20 dernières.

Cette histoire amène toutefois cette idée tellement intéressante que l'Homme doit apprendre à faire preuve d'humilité, et par la même : prendre conscience et accepter qu'il n'est pas l'espèce dominante.

Vivement une suite.
Et si ils en font une, avis aux scénaristes, suivez vos propres conseils : "LET THEM FIGHT"...
mais surtout : Laissez-nous les regardez !