Stop. On arrête tout. Vous pouvez télécharger ce film si vous voulez le tuer, oui, mais surtout, ne le regardez pas. Godzilla est probablement ce que les super-cinémas-super-productions-super-américaines ont fait de pire. Ridicule de bout en bout, il nous a bien fait rire, mon amie, les gens derrières à gauche, les gens derrières à droite et moi.

Tout commence avec un dealer reconverti en chef (apparemment puisqu'il donne des ordres, on ne peut pas vraiment en dire plus) de la sécurité (?) dans une centrale nucléaire japonaise qui va s’effondrer du fait d'un étrange phénomène. On pense bien sur à Fukushima. Mais cette fois, pas de faille dans la sécurité, pas de tsunami, non, un œuf suceur de radioactivité.

Tout s'écroule.

On retrouve le fils du dealer, dont la mère est morte dans l’effondrement et qui devient donc MILITAIRE. La débandade commence :

1. Le cou du type doit faire la taille de mes deux cuisses.

Mais tout va bien, le mec a un enfant et une femme (infirmière mais particulièrement inutile nous le verrons). Son père, devenu à moitié cinglé [... Partie chiante]. Donc l’œuf éclot et là c'est la débandade :

2. Un japonais rencontre un chef militaire américain et évoque Hiroshima. GROSSE TENSION.

Le type au cou comme mes cuisses sauve un gosse et ne désire qu'une chose : retrouver sa famille. Débandade :

3. Sa femme potiche-infirmière-inutile et son gosse l'attendent. Ils ne font que ça. Ils n'apportent absolument rien à la trame narrative. Non non, rien de rien. Ils ne représentent pas un autre point de vue. Ils sont là comme un but formel à atteindre parce qu'il faut un but au héro.

4. Les américains sont vraiment des gros teubés, on est d'accord ici avec le message. Mais il y a un problème : ce n'est pas au niveau militaire qu'ils le sont, c'est au niveau cinématographique. J'n'ai rien vu de moins subtil, de plus caricatural et pseudo-moralisateur que ce film.

5. Ha, Godzilla crache des flammes bleus. D'acc' : https://www.youtube.com/watch?v=jVm1NbrXaXc

6. Le côté un peu suicidaire du héro qui reste sur le bateau (qu'il pousse d'ailleurs à mains - à cou ? - nues) chargé d'une bombe atomique : Ok.

7. Mais le pire, ça reste quand même d'essayer de faire croire au spectateur que la morale de l'histoire (cette belle morale désuète qui rappelle que la nature sera toujours le socle, le principe d'harmonie de notre existence) ressort intacte de cette aliénation cinématographique. Non, elle apparaît noyée sous un flot répugnant de moralisme américain à deux sous avec des militaires qui vont se sacrifier après une petite prière, de pseudo-remord quant à des faits historiques, d'une image de la femme-potiche-infirmière-garde-d'enfant, du héro musclé-militaire-père de famille (dont on ne voit pas les abdos bordel-de-cul-la-frustration-un-peu).
C'est dommage parce que je n'ai rien contre ce genre de film. Je veux bien, de temps en temps, me vider la tête. Mais je ne veux pas qu'on en profite pour me bourrer le crane avec des saloperies pré-pensées, pré-machées, super-américanisées.
Le film apparaît paradigmatique d'une façon de concevoir le cinéma (surtout les remakes) aujourd'hui. Une structure, toujours la même, y est appliquée. On prend un contenu (ici Godzilla et la morale de la puissance de la nature) puis on vient plaquer sur lui - sans aucune finesse- une forme produite par les super-productions, une forme qui fait vendre. Mais je m’arrête ici, je ne veux pas tomber dans une critique trop usée des super-productions. Je suis juste persuadé qu'il y a moyen de faire des films et qui se vendent et qui sont bons.
Noèse
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le 21 mai 2014

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Noèse

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