Après avoir vu Invasion Planète X, que pouvions-nous attendre d’un nouveau film Godzilla ? Franchement, en un seul long-métrage, nous avions eu droit à une histoire qui dépassait les limites du possible (flirtant grandement avec la science-fiction, allant jusqu’à présenter des extra-terrestres et leurs vaisseaux tentant d’envahir notre planète). Que pouvait nous apporter un nouvel opus dans ce cas ? Rien, et cela, le nouveau réalisateur de la saga (Jun Fukuda) l’a bien compris, et le montre en revenant aux bases du film de Kaijus.

Godzilla vs. The Sea Monster (l’un des nombreux titres anglophones de ce film, qui lui colle mieux que toutes les autres appellations existantes) fait comme si Invasion Planète X n’existait pas, et reprend les fondamentaux de ce genre de film. À savoir deux titans qui s’affrontent (ici Godzilla et Ebirah, Mothra n’étant là que pour la prestance du bestiaire car n’apparaissant que seulement deux minutes à l’écran), de pauvres humains inutiles qui vivent une aventure en parallèle. Voilà, c’est tout ! Les kaijus eiga n’ont jamais brillé par leur scénario (hormis le premier Godzilla) et ce n’est pas avec celui-ci que ça va changer ! Surtout avec cette histoire d’adolescents qui tentent de retrouver le frère d’un des leurs, en compagnie d’un cambrioleur, qui vont devoir faire face à des industriels qui exploitent les indigènes vivant sur cette île où tout le monde semble bloqué. Un bout de terre que garde Ebirah, une sorte d’écrevisse géante. Et bien entendu, pour que tous puissent s’en échapper, l’aide de Godzilla sera essentielle pour mettre à terre (ou « à la mer ») ce nouveau monstre créé par la compagnie Toho.

Encore une fois, nous nous fichons pas mal de ces personnages humains, de leurs mésaventures, des relations qui les unissent. Ce que nous voulons d’un tel film, c’est voir les bestioles en tête d’affiche. Sur ce point, The Sea Monster surpasse amplement la déception qu’avait été Invasion Planète X sur ce point (préférant se préoccuper de notre survie et de l’invasion alien plutôt qu’à Godzilla, Rodan et Ghidorah, qui n’avait eu droit qu’à quelques minutes d’apparition). Même si les deux titans commencent leur affrontement au bout d’une quarantaine de minutes (sur 1h27). Mais une fois que les deux monstres entrent en scène, le divertissement peur commencer !

D’autant plus que les effets spéciaux se montrent bien plus soignés que d’habitude. Si nous avons toujours cette sensation réelle de voir des maquettes et des jouets (notamment en ce qui concerne la base des industriels), sans oublier l’aspect latex du bonhomme interprétant Godzilla (les plis se remarquent de plus en plus), l’ensemble se révèle être bien plus agréable à regarder. Serait-ce par le biais de la mise en scène (un bien grand mot, j’en conviens !) de Jun Fukuda, qui donne beaucoup plus d’ampleur aux monstres (ils donnent vraiment l’impression d’être énormes, notamment avec les personnages à leurs pieds) par le biais d’angles de caméra plus panoramiques ? Ou par ces effets spéciaux plus soignés, bien plus crédibles que dans les films précédents (le début, où l’on voit Ebirah surgir hors de l’eau et attaquant le bateau en pleine tempête) ? Le résultat est bien plus réussi qu’auparavant, cela va sans dire !

Même si, bien évidemment, tous les défauts vus dans les autres films répondent à nouveau présents. Comme cette mauvaise synchronisation entre le cri de Godzilla et sa gueule qui s’ouvre/se ferme quand ça l’arrange. Ces mauvais raccords hautement visibles (Godzilla provoquant des éboulements alors que sur le plan suivant, centré sur les personnages humains pourtant aux pieds de la bête, aucun rocher ne les menace). Ces moments comiques lors des combats (Godzilla et Ebirah se renvoyant un rocher comme un enfant jouerait au foot avec son père). Ces longueurs qui ne font que rallonger le film (les séquences de chants des fées jumelles accompagnant Mothra) sans apporter le moindre intérêt à l’ensemble. Tous ces détails qui empêchent un Godzilla de sortir de son statut de série B à faible budget.

Néanmoins, à la vue des deux films précédents, Godzilla vs. The Sea Monster s’en sort honorablement et reste un kaiju eiga regardable et appréciable. Nous sommes encore bien loin de retrouver l’impact du Godzilla initial, cela ne fait aucun doute (le message anti-nucléaire ayant totalement disparu du scénario) ! Mais l’ensemble reste assez jouissif pour tous les fans de ce genre de divertissement.
sebastiendecocq
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le 26 mars 2014

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