Godzilla de Gareth Edwards.
Le public en 2014 : On voit pas assez Godzilla et les monstres.
Les cinéphiles en 2014 : C'est pas comme dans les films des années 60. Y'a pas d'histoire ou trop d'incohérences. Les humains servent à rien. On préfère Pacific Rim.
Moi en 2014 (des étoiles plein les yeux) : WAAAAAAAOUH.
Godzilla II de Michael Dougherty.
Le public en 2019: On voit trop Godzilla et les monstres.
Les cinéphiles en 2019 : C'est pas comme dans les films des années 60. Y'a pas d'histoire ou trop d'incohérences. Les humains servent à rien. On préfère Pacific Rim.
Moi en 2019 (des étoiles plein les yeux) : WAAAAAAAOUH.
Bon,que dire, que dire ?
Au risque de passer pour un troll (rassurez-vous je laisse ça à Durendal, il le fait très bien), j'ai beaucoup aimé ce second volet réactualisé du « roi des monstres » avec un seul regret : trop court. En l'état le film dure 2h12. Je t'aurais bien rajouté 15 à 20 minutes de plus moi.
Cela aurait eu pour conséquences nécessaire de développer encore mieux l'histoire et les multiples clin d’œils du film, tant au volet de 2014 (Serizawa et sa montre, thème de inéluctabilité du temps et des périls de l'atomique) qu'aux bons vieux épisodes où pas mal de choses semblent sortir du chapeau parce que hop, hop, hop, on se dépêche, le prochain volet ce sera Godzilla vs King-Kong, arlésienne de la battle de monstres qui fait aussi bien rêver sur le papier qu'inquiéter en vrai (tout le monde se rappelle encore bien les sympathiques comics et jeux vidéos de Alien vs Predator et les films médiocres qui en furent tirés).
Je n'ai ma foi pas relevé toutes les références comme bon nombre de cinéphiles adorateurs de Kaijus (tiré de Kaiju-Eiga, le genre du film de monstres japonais) liés aux anciens volets d'une gigantesque saga de monstres allant de 1954 avec le premier Godzilla d'Ishiro Honda jusqu'à aujourd'hui et incluant aussi bien Godzilla que d'autres monstres gigantesques (coucou Gamera la tortue géante) à aujourd'hui. Et si j'ai bien noté ça et là deux, trois choses (oh les jumelles anciennement prêtresses de Mothra) alors que d'autres citeront en vrac plein plein plein de trucs (le « destructeur d'oxygène »), j'ai mis mon cerveau en pause la majeure partie pour accepter pleinement l'immersion d'un spectacle d'anéantissement de l'humanité par d'énormes streumons limite invincibles.
Oh bien sûr je jubilais à chacune des apparitions de Mothra, il faut dire.
(#TeamMothra)
Plus que Godzilla, la figure de ce gigantesque papillon issue du film de 1961 de Honda (encore lui) subit un lifting impressionnant et fabuleux qui opte constamment (par une certaine esthétique de l'émerveillement) sur l'aspect pacifique et plein de bonté de la bestiole. Il faut dire qu'en 1961, Mothra c'était une grosse peluche ailée qui volait avec fils et tout et dont l'aspect peut probablement sembler un peu trop décalé à notre époque. Ici, elle est l'une des rares alliés de Godzi (et suivant les films elle a souvent été amie comme ennemie du gros lézard il est vrai).
En fait chaque apparition de monstre est des plus soignées. Du film d'Edwards on a retenu l'iconisation des monstres, on a trop vite oublié en revanche que la frustration liée au fait d'en montrer le moins redéfinissait toute la part mystérieuse et brutale de créatures qui ici en deviennent vite d'énormes bulldozers et basta. Et pourtant malgré le peu de part que chacune des créatures peuvent occuper dans tout ce méli-mélo, on arrive à surnager d'impressionnantes séquences qui font mouche (ou mite géante volante si vous voulez). C'est la naissance de Mothra sous une chute d'eau et sa réapparition plus tard comme un ange au sein d'un climat de tempête (en fait toutes les scènes avec Mothra sont classe). C'est la première apparition de Rodan, ce ptérodactyle qui surgit d'un volcan éteint comme une explosion brutale du Mont Saint Hélène. C'est Ghidora au sommet de la montagne, contemplant l'humanité déchue symbolisée par une croix qui reste des décombres d'une ville.
On me dira qu'à ce stade le film accumule les scènes iconiques à la suite les unes des autres le plus souvent sans souci finalement d'établir une cohérence dans la narration (mention spéciale à un personnage qui disparaît de l'histoire pour n'apparaître à nouveau qu'en toute fin ou Vera Farmiga qui sait pas si elle est méchante mais en fait elle est gentille mais méchante mais en fait...), voire précipite tout pour l'arrivée du gros blockbuster de bagarre de 2020 (ce générique de fin qui reprends les codes visuels du film d'Edwards sur fond rock tout moisi de Serj Tankian échappé de System of a down, sérieux ? Oh les mecs je vous apprends rien mais si c'est pour laisser à votre spectateur l'impression que l'histoire ne fait que commencer et que tout ce qu'il a vu deux heures auparavant ne sert à rien par ce biais de résumé censé apporter des informations, faut pas espérer réussir Kong vs Godzilla à ce stade hein), mais bon....
...Le plaisir demeure. Parce que je voulais du Godzilla et j'en ai eu. Je voulais Mothra, je l'ai eu (pas assez). Je voulais des monstres qui ravagent tout, j'en ai eu. Du grand spectacle de destruction alors que je ne joue plus aux légos ni aux Kaplas et j'en ai eu. Bref, j'ai pris mon pied en dépit de plein de trucs. Mais ça, je vous apprends rien, hein ?