Navet radioactif

Suite du premier film de la nouvelle franchise de 2014, Godzilla II : Roi des Monstres continue de développer cette volonté de remake américain du célèbre kaiju japonais avec plus ou moins de respect pour l’œuvre originale (sur ce plan, je suis assez positivement surpris). Il est important de préciser que l'auteur de cette critique n'a pas vu ce précédent Godzilla.
Ne le cachons pas, Godzilla II est un très mauvais film, vraiment très médiocre. Pour autant, il parvient à ne pas tomber dans l'énervant en tant que film (les personnages c'est autre chose) car il est très humble. En faite, c'est l'un de ces principaux défauts : le film ne s'assume pas du tout comme un Godzilla mais comme un film catastrophe lambda avec une construction, des thématiques et des mises en scène typique de ce genre cinématographique.

Le gros problème du film vient que son thème principal est la reconstruction d'une cellule familiale brisée à travers une situation catastrophique. Thème ô combien éculé, exploité et maltraité. En ce sens on n'a rien d'innovant, mais c'est en plus très mal mis en scène et nous permet de parler ici DU défaut du film : les humains. Ceux-ci sont d'un profond inintérêt et offrent réellement beaucoup d'énervement.
Il faut dire qu'outre le sentiment que tous les humains sont sans réel intérêt ni utilité mais ne s'assument jamais comme les spectateurs incompétents qu'ils sont (le fait qu'ils ignorent tout ou que leur matériel soit pété devient presque un running gag), il y a surtout la famille centrale qui culmine dans l'absence d'intérêt. Outre une adolescente jouée de manière caricaturale par la jeune Millie Bobby Brown, on a un père dépassé, stéréotypé et inintéressant par Kyle Chanders qui semble avoir oublié ses cours d'acteurs et une mère sans aucune forme de moralité, totalement mal écrit comme personnage, par une Vera Farmiga dans la sur-enchère.

Le réel et gros défaut de se film peut se limiter aux humains. Trop présents, trop importants, cachant littéralement les scènes des kaijus, inintéressants au possible, mal écrits, mal dirigés, mal joués. Il y a un vrai soucis sur les choix : ici le discours de fond, écologique, n'est guère réellement abordée et les positions ne sont pas pleinement poussées. Ce qui fait que la nuance entre les différentes positions paraît bien trop fine pour justifier des oppositions ou des changements de camp.
Les personnages semblent toujours en retard et sans pouvoir d'action réel, ajoutons à cela l'inintérêt de ce qu'on nous en présente et on se demande réellement pourquoi nous imposer autant de temps de présence ?

Surtout qu'à côté de cela, on a vraiment envie de voir du Kaiju. Si on peut apprécier les créatures, que ça soit dans l'animation, le respect des designs, l'aspect puissant qui s'en dégage, on regrettera toutefois le fait que nombre de combats soient très sombres d'une part, et que des chorégraphies soient déjà vues (Mothra contre Rodan répètent un combat classique vu dans plein de films, Ghidorah de manière générale a tendance à menacer toujours de la même manière avant de se faire avoir par Godzilla).
On a une structure dans le récit qui peine réellement à convaincre parce que l'on sent beaucoup trop d'artificialité dans les ficelles, beaucoup trop d'ennuie et même de dégoût pour les personnages.

Notons également une photographie à l'image de la bande-son : pas mauvaise mais sans saveur aucune.
Un film qui n'ose jamais sortir de limites qu'il s'est imposé. Heureusement il y a des scènes avec les kaijus, mais elles sont pourries par les humains …

PS : Les 3 points viennent des kaijus, ils sont bien réalisés, beaux, offrent un certain spectacle. Ils tentent de sauver le film.