♫ Hi hi ha ha ho ho Ugly Honka Ugly Honka ♫ ♫

Bienvenue dans la version trash et germanique du Bachelor dans laquelle un sémillant célibataire et prince charmant invite chez lui de ravissantes prétendantes avant d'éliminer celles avec qui il ne souhaite pas poursuivre l'aventure. En réalité Golden Glove est surtout le récit étouffant de l'histoire vraie de Fritz Honka un serial killer allemand qui dans le Hambourg des années 70 va tuer plusieurs femmes qu'il avait pitoyablement dragué dans un bar miteux appelé le Der goldene Handschuh avant de les découper en morceaux qu'il va ensuite planquer chez lui malgré les odeurs immondes de décomposition. Cette double description n'est pas totalement gratuite puisque le film oscille constamment dans sa grotesque laideur entre une forme de comédie trash et malsaine et l'horreur plus viscérale, dramatique, perturbante et franchement dégueulasse d'un sordide fait divers.


Golden Glove est un film affreux sale et méchant comme si il était le rejeton difforme d'une immense partouse de références cinématographiques dans laquelle on trouverait Marco Ferreri, Ulrich Seidl, Remi Belveaux, Gaspar Noe, Krzysztof Kieslowski, John Mc Naughton, Jim Muro, Frank Henenlotter et György Pálfi. Si à la vision du film on ne sait jamais trop si l'on doit rire ou gerber, une chose est certaine en revanche c'est qu'à la fin on a surtout envie d'aller prendre une bonne douche et faire un gros check up médical au plus tôt. Car Golden Glove est un film qui transpire la laideur et la crasse de manière organique au point que ses visions de bar enfumé et de cendriers dégueulant des effluves de tabac froid font craindre pour nos poumons, que les vapeurs d'alcool des haleines fétides nous font craindre la cirrhose , que les ébats des corps flasques et crasseux nous font redouter une MST et que cette laideur permanente suintant la médiocrité nous donne envie de se laver les yeux à l'eau de javel craignant une conjonctivite purulente. Golden Glove est un film sale et qui l'assume mais il reste aussi le reflet d'une réalité glauque puisque Fritz Honka était un type presque aussi laid à l'intérieur qu'à l'extérieur qui ramassait au fin fond des bars les plus désespérées des femmes n'ayant pas encore trouvées un poivrot pour finir la nuit. La description de cet univers nocturne, poisseux, crade et englué dans le désespoir est assez saisissante tout comme cette galerie incroyable de personnages transpirant la sueur, la crasse, l'alcool, la médiocrité et la frustration sexuelle. Golden Glove est une plongée en apnée et sans retour dans ce triste quotidien de ce type alcoolique, impuissant, colérique, raciste, mysorine et con comme un balais à chiotte mais si éperdument en quête d'amour qu'il est capable des plus immondes manifestation amoureuse comme tenter de violer une jeune femme en la bombardant de sincères et tordus "Ich Liebe Dich".


Je suis peut être tordu moi même mais j'ai souvent vu Golden Glove comme une comédie étrange, en tout cas le film m'aura parfois fait beaucoup rire même si c'est pour me retrouver mal à l'aise quelques secondes plus tard. Comment ne pas sourire devant la faune improbable de ce bar miteux peuplé de piliers de comptoir aux surnoms incroyables comme Norbert le SS, Günther le tampon, Max le Schnaps et dans lequel on trouve aussi un serveur prénommé Anus. Dans ce sordide troquet on parle de cul , on picole, on drague mais on chiale aussi en communion comme de tristes Madeleines dès que le juke-box crache un vieil air de variétés romantique. Le réalisateur Fatih Akın force tellement le trait que l'ensemble prend parfois une dimension grotesque dans le ridicule assumé des situations. Alors même si c'est sale, même si c'est trash, même si c'est d'autant plus malsain que l'on parle d'un vrai tueur, voir cette sale gueule cassé draguer péniblement des vieilles alcooliques adipeuses aux cheveux gras en leur promettant au comble du son romantisme exacerbé de leur enfoncer un poisson vivant dans l'intimité me fait beaucoup rire. Le film est rempli de scènes comme ça qui semble marcher sur une corde raide entre ce grotesque qui fait rire et celui qui fait frémir Fatih Akın s'amusant visiblement beaucoup à bousculer le spectateur entre les deux polarités de l'extrême. Un scène m'a particulièrement marqué tant elle symbolise pour moi cette double sensation très contradictoire.


Dans cette scène on voit Fritz Honka qui s'astique frénétiquement et pitoyablement sur les photos érotiques qui font office de papier peint chez lui avant de foncer en courant sur une femme obèse qui attend désespérément échouée sur le lit les cuisses ouvertes d'être honorée de sa virilité toute relative . Honka tente plusieurs fois et en vain l'opération dans une mécanique presque comique avant de dérouiller ivre de rage et de frustration la pauvre en la frappant comme un sauvage et là on a objectivement plus vraiment envie de rire.


Golden Glove reste un film pour public très avertis mais il offre bien plus qu'une simple provocation gratuite crachée à la face du spectateur. Avec son ambiance poisseuse parfaitement rendu par sa direction artistique, sa galerie de monstres bien ordinaires le film offre une description sans fard d'un pitoyable tueur de caniveau comme si Fatih Akın refusait toute analyse psychologique facile et encore plus toute fascination morbide pour le triste salaud qu'il décrit.

freddyK
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le 25 oct. 2020

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Freddy K

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