Le metteur en scène australien, Ivan Sen, revient avec un second opus pour sa série sur l'Outback australien et la dénonciation du pouvoir....Son mystérieux policier indigène Jay Swan joué par Aaron Pedersen reprend son rôle. Un homme partagé et renié par ses deux cultures.
Il arrive dans la ville minière frontalière de Goldstone, pour enquêter de nouveau sur une personne disparue.


Le cinéaste signe la mise en scène, le scénario, mais également la bande originale de son film, pour un résultat en deça de son premier opus. On retrouvera le thème de "Mystery Road" pour nous ramener encore une fois sur la spoliation des terres aborigènes, (l'exploitation des mines pour enrichir quelques uns et la manipulation du conseil foncier autochtone) dans une petite ville où tous sont complices et corrompus, croisée avec l'exploitation sexuelle de jeunes femmes asiatiques.


"Mystery road", était sombre et inquiétant comme ses décors ; mystérieux par ses personnages, ses plans de caméra signifiant le vide et sa signature renouvellant le genre "western". Plus direct aussi et sans fioriture mettant en exergue assez froidement les thèmes de société, bien plus proches des problèmatiques des aborigènes aujourd'hui, que cette suite qui se perd dans un manque de profondeur.


L'erreur semblerait se situer dans le croisement de thèmes liés à la pauvreté et à la main mise de l'homme sur des personnes démunies, mais ne trouvant pas d'appui par une narration et un scénario sans véritable enjeu, sans tension et bénéficiant d'ailleurs de peu de rythme, de jeux d'acteurs pas toujours trés bons et de clichés par quelques scènes qui ne seraient là que pour combler ou attirer les producteurs (?).


La scène du camion pour appuyer une discussion entre une femme posée là, vendant ses services, au milieu de nulle part, n'a pas d'intérêt, ne trouvant pas de suite dans la narration...film qui traite quand même de prostitution...


Un soupçon de mysticisme n'arrange pas non plus un melting pot qui ne fait qu'amoindrir le véritable propos, celui de la sauvegarde de la terre et l'enquête de notre détective, trouvant son acharnement dans sa mission précédente.


On aura beau attendre le duel final de fusillade (rapide et vite expédié, mais totalement réussi pour "Mystery Road"), ici, la lenteur des plans, les tirs approximatifs, ennuient.


D'autant que durant cette intrigue bien peu intriguante, la mise en avant du personnage du jeune policier sur place et de son évolution pour une prise de conscience tardive mais nécessaire, peut laisser franchement perplexe quant à la vision du cinéaste sur les forces de police. Il en fait un portrait plutôt ridicule par ce jeune flic, que de montrer le constat dramatique de la situation, et en perd toute la force de son message.


Reste comme dans "Mystery Road" une mise en scène stylisée, une belle luminosité et des décors grandioses synomymes de bout du monde et de perdition. Quelques dialogues bien sentis sont appréciables pour un ensemble plus "bavard" que le premier opus.


On aura le plaisir de voir David Gulpilil ("Charlie's country") et sa belle dégaine calme et tranquille, pour un bel hommage à la dignité. Il sera le seul à être filmé "de loin" comme pour appuyer le souvenir inaccessible d'un passé révolu...Une scène avec Jay, pour un monologue tout en grave désinvolture offre un beau moment.


Sen a déclaré que son "film" était l'idéal pour explorer des questions telles que les droits fonciers et les générations volées. «Je pense que le cinéma est juste un support étonnant, qui vous permet de recueillir toutes ces questions différentes et les laisser se manifester dans quelque chose qui est digeste pour un public "grand public". Et c'est sûrement là que le bât blesse.


Le générique de début proposant de belles photographies Sépia, nous indique la direction que prendra le film en mêlant l'histoire culturelle tripartite (blancs, aborigènes et asiatiques). On remarquera une photo en particulier assez édifiante: celle d'un colon blanc qui pose sa main sur la tête d'un jeune aborigène. On y perçoit plutôt la propriété que l'affection et cette force photographique laissait présager d'une réelle direction pour la suite du film.


Un film à voir mais je conseillerais vivement "Mystery Road".

limma
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le 5 déc. 2016

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limma

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