David Fincher est l'un des plus grands réalisateurs actuels, presque chaque film semblant dévoiler une nouvelle facette de son talent. C'est indéniablement le cas de « Gone Girl » qui, après un « Millénium » remarquablement mis en scène mais souffrant (légèrement) de passer après la version suédoise, vient rappeler à quel point le cinéaste est aussi un créateur, capable de mener à bien des projets aussi ambitieux que séduisants. Pourtant, tout n'est pas forcément parfait : peut-être un peu trop long, légèrement bavard...


Mais j'ai presque envie d'écrire « qu'importe ». Car malgré ce léger souci de concision, on sent d'emblée la patte d'un auteur de haut vol, ce malaise presque envoûtant accentué par la belle et sombre photographie, donnant à l'œuvre beaucoup d'allure et de mystère. J'ai beau avoir vu venir à des kilomètres


le retournement à mi-parcours


, cela ne m'a en définitive pas gêné tant il est bien amené, construit, réalisé avec précision et surtout remarquablement écrit, avec ce qu'il faut de cynisme et de méchanceté pour le rendre encore plus fort.


Alors c'est sûr que si vous venez tout juste de vous marier (voire pour les autres!), le film risque de vous faire l'effet d'une douche glacée, mais lorsqu'on y repense, quelle intelligence, quel regard acéré, quelle force dans la manière de développer les différents enjeux de l'intrigue sans jamais sacrifier sa dimension ténébreuse et au fond assez machiavélique. Enfin, si les seconds rôles sont globalement excellents (mention spéciale à l'étonnante Carrie Coon en frangine aussi cash que bienveillante), on retiendra surtout cet étonnant « couple » où Ben Affleck surprend en mari cherchant à contrôler au maximum les événements avec un succès très relatif, et surtout Rosamund Pike dans un rôle de


femme fatale aussi sensuelle que vénéneuse :


une très belle trouvaille. Bref, sans être le chef-d'œuvre espéré, « Gone Girl » reste de ces films qui vous marquent durablement, nous laissant sur une impression de cauchemar éveillé aussi brillant que troublant : du grand art.

Créée

le 25 avr. 2018

Critique lue 158 fois

1 j'aime

Caine78

Écrit par

Critique lue 158 fois

1

D'autres avis sur Gone Girl

Gone Girl
Sergent_Pepper
8

Amy pour la vie

Brillantes, les surfaces de verre et les chromes étincelants des 4x4 d’une suburb impeccable du Missouri. Brillante, la photographie d’un univers bleuté, haut de gamme, au glacis de magazine. Beaux,...

le 22 oct. 2014

223 j'aime

22

Gone Girl
Kobayashhi
8

Lettre ouverte...

David Fincher, Il a fallu attendre que tu entres dans ta cinquième décennie pour réaliser ton plus beau film, il faut dire que contrairement à certains je ne t'ai jamais réellement voué un culte...

le 10 oct. 2014

180 j'aime

12

Gone Girl
Docteur_Jivago
8

American Beauty

D'apparence parfaite, le couple Amy et Nick s'apprête à fêter leurs cinq ans de mariage lorsque Amy disparaît brutalement et mystérieusement et si l'enquête semble accuser Nick, il va tout faire pour...

le 10 oct. 2014

170 j'aime

32

Du même critique

Enquête sur un scandale d'État
Caine78
2

Enquête sur un scandale cinématographique ?

Thierry de Peretti est un réalisateur doté d'une bonne réputation, notamment grâce à « Une vie violente », particulièrement apprécié à sa sortie. J'y allais donc plutôt confiant, d'autant que le...

le 20 août 2022

32 j'aime

8

Mourir peut attendre
Caine78
4

Attente meurtri(ère)

Cinq ans d'attente, avant que la crise sanitaire prolonge d'une nouvelle année et demie la sortie de ce 25ème opus, accentuant une attente déjà immense due, bien sûr, à la dernière de Daniel Craig...

le 7 nov. 2021

27 j'aime

31

Dune
Caine78
7

La Grande Aventure Leto

Cela restera une vraie question pour moi : ai-je eu raison de revoir la version de David Lynch seulement quelques jours avant celle de Denis Villeneuve ? Ce qui me semblait être une bonne idée sur le...

le 3 oct. 2021

22 j'aime

15