Malin comme un chat

Comment je le sentais:
Comme beaucoup j'en attendais beaucoup du nouveau Fincher parce qu'on en est tous fan, on cite tous Fight Club parmi nos films préférés, mais aussi de Ben Affleck qui avait apparemment déjà bien entamé son entraînement pour devenir l'homme chauve souris vu comment le mec est baraque dans le film. Paraît que celui ci divise, mais c'est en me tenant éloigné le plus possible de toutes critiques, bandes annonces ou retours touchant Gone Girl que je me jette dans ce que j'ai cru comprendre être un "thriller Fincheresque". Les attentes sont toujours très hautes avec ce genre de réal' : tout le monde s'attend à un truc aussi dingue que Seven ou l'autre film cité en première ligne. Mais calmons nous les enfants : allons y tranquillement et voyons ce que nous avons là.

De quoi ça parle:
Bon en gros Gone Girl, c'est comme une bonne partie de la filmographie de David (Fincher) une adaptation d'un bouquin qui parle de la disparition soudaine d'une nana ancienne auteure (Rosamund Pike) qui vivait pourtant tranquillement avec son mari ancien journaliste (Ben Affleck). La scène du crime laisse penser qu'elle a été brutalement kidnappé mais c'est le pauvre ami Ben qui va se retrouver suspect numéro un aux yeux de tous tant les preuves contre lui vont s'accumuler. Mais alors qui a kidnappé cette chère Blondinette ? Pourquoi Ben se retrouve t-il tant suspecté ? Est ce que le film a raison de durer si longtemps ? Une seule solution pour connaître les réponses...

Ma critique:
Autant le dire tout de suite : j'ai beaucoup aimé, pour les raisons qui vont suivre. Le film commence et se finit avec un même plan, où Ben caresse sa dulcinée qui nous gratifie d'un regard, ce type de regard que fait votre chat et qui dit "si tu savais comment j'ai fouillé les poubelles en douce cet aprèm!" tout ça pour dire que le personnage de Rosamund Pike fait souvent écho à un chat, animal que l'on voit et qui sert de fil d’élément conducteur métaphorique tout le long du film (d'où le titre de ma critique). Le chat connu pour être un animal malin et surprenant, j'ai trouvé ça très adroit comment Fincher a habilement intégré ce felin dans chacune des scènes clés où il apparaît (difficile de m'expliquer clairement sans vouloir spoiler).
Par ailleurs, si le real' de The Social Network a d'ailleurs pris l'habitude d'imposer un rythme plus régulier dans ses derniers films, on retrouve ici un tempo plus dynamique, voir brutal, à l'instar de ses films qui lui ont valu sa renommée dans les années 90. La construction narrative est d'ailleurs très efficace, on pourrait découper le film en 3 segments différents. Ainsi, David tente de nous prendre plus d'une fois par surprise en changeant subitement l'ambiance et la tonalité du film notamment grâce à une mise en scène toujours aussi soigné et des acteurs au top. Par exemple dans les premières minutes on assiste à un véritable épisode des bisounours dans la fameuse première partie qui nous montre que les bons moments du couple de protagonistes, pour ensuite dégringoler doucement mais surement vers des tons nettement moins sympathiques au fur et à mesure que l'on creuse dans l'histoire de ces deux personnages. Et c'est là que je pourrais faire une petite reproche au film. Fincher s'attarde tellement à nous convaincre d'un truc qu'on sent qu'il y a anguille sous roche, et c'est justement dommage. L'impact aurait été nettement plus réussi si il se serait plus concentré sur l'essentiel au niveau de l'histoire. Mais ne boudons pas pour autant car ce genre de petit défaut n'est rien comparé aux autres bonnes surprises du film. Les acteurs sont tout d'abord au top et chacun tente de se démarquer du genre de personnage qu'il a l'habitude de jouer : ainsi Rosamund Pike qui joue des femmes douces en general, Neil Patrick Harris les personnages très extravertis ou encore ce cher Ben qui avec son rôle ferait presque de l'auto-derision (ce qui apporte une petite touche humoristique assez agréable) jouent ici des personnages aux antipodes de ce que le publique a l'habitude de voir, toujours dans la démarche de l'effet surprise de Fincher. Et ça marche! J'ai beaucoup apprécié aussi la critique très pertinente faite sur l'influence très forte des médias sur la société, surtout aux Etats Unis.

Verdict:
Imprévisible, déroutant sont les maîtres mots de ce bon thriller que seul Fincher sait si froidement bien mettre en scène. Malgré quelques rallonges pour maximiser les effets de surprises on a du tout bon ici avec une fin osée, soit ce qu'on attend lorsque on regarde un film de ce mec. Plus que ses personnages, c'est justement David Fincher qui est malin en voulant se jouer plus d'une fois du spectateur, et ce sous plusieurs angles différents. Gone Girl ne nous marquera peut être pas autant que Seven ou Fight Club, mais il mérite amplement sa place aux côtés de ces derniers, on pourrait même lui donner accès au podium Fincher. Toujours pas convaincu ? Il y a aussi Emily Ratajkowski, la délicieuse brune du clip "Blurred Lines" de Robin Thicke aussi dévêtue qu'à son habitude. Le coup d’œil s'impose dans tous les cas, non ?