"Modern Girl (and Men, and Society)"

Il n'y a aucun film de Fincher que j'ai vu que je trouve mal réalisé. Même cet immonde Seven est bien foutu. Et que ce soit d'ailleurs ce dernier ou Fight Club, qu'au contraire j'aime suffisamment pour faire figurer dans mon top 10, certains de ses films n'hésitent pas à prendre le taureau par les cornes en ce qui concerne le sujet du film, quand d'autres semblent beaucoup plus mignons en comparaison.

Donc je vais commencer par les raisons qui font que ce film mérite déjà de façon "objective" d'un point de vue purement cinématographique la note maximale.

Le casting est parfait, et les acteurs tous mémorables dans leurs rôles. Fincher est capable de te faire jouer parfaitement un mec connu aux U.S. pour être un piteux comédien (Tyler Perry), donne à Affleck un rôle sur-mesure pour son jeu en demi-teinte, et parvient même à se saisir de l'épineuse tache de sortir Neal Patrick Harris de son rôle de HIMYM, en s'en sortant remarquablement bien.

La photo et la bande son sont aux petits oignons, mais ce n'est absolument pas une surprise. Après, en ce qui concerne la réalisation dans son ensemble, c'est parfaitement mené, mais à un point tel que cela enlève un peu de piment au tout.

Et pour expliquer ce point, je vais devoir entrer dans le vif du sujet, et aussi la partie plus "subjective", à savoir le scénario. Je ne ferrais pas dans le détails, donc GROS RISQUE DE SPOILS EN TOUS GENRE FROM NOW ON.

Je ne m'attarderais pas sur le fait qu'il s'agit d'une adaptation d'une nouvelle que je n'ai de toute façon pas lu, pour simplement me concentrer sur le film, et donc ce que le réalisateur en retient. Fincher nous propose comme à son habitude d'étudier une "tranche de vie hors norme", ici sous la forme d'un thriller aux abords classiques.

Mais non je ne vais pas dire que j'ai trouvé les retournements de situation complètement oufs, que c'est trop de la balle tout ça tout ça, arrêtez de vous enflammer, c'est pas vraiment là-dessus que le film est intéressant. Parce que si ces "twists" sont nécessaires à l'évolution de l'histoire, et de la vision que s'en fait le spectateur, ce n'est pas tant leur qualité intrinsèque qu'il faut aduler, que la façon dont Fincher s'en sert pour commenter sur notre société et les rapports humains à l'aube de la fin de la vie privée.

Et c'est en cela que le film pour moi excelle d'un point de vue subjectif. Parce que si j'ai relativement su apprécier cette trame de fond quelque peu "déjantée" et somme toute assez peu crédible en elle-même, voire clichée

, je me serais quand même bien fait chier sur 2h30, et malgré le jeu des acteurs, si ces petites apartés ne constituaient fondamentalement tout le propos.

Et si je trouve que le film a quand même tendance à un peu trop tenter de justifier

, on sent néanmoins cette volonté de neutralité dans le regard propre au réalisateur. Cependant, cela ne m'empêche pas de penser qu'il s'arrange bien de certaines omissions scénaristiques

pour favoriser telle ou telle inclination de son propos.

Néanmoins, dans l'ensemble, on a affaire à un film suffisamment bien construit, réalisé, et joué pour réussir à aborder un grand nombre de sujets à l'intérieur d'un thriller aux prémices pourtant bien bateaux. Et on ne peut que rager quand on compare ce film à son plus proche exemple français "récent", à savoir le deux fois moins bon "Ne le dit à personne".